LE CATHARISME

LE CATHARISME

Les Gnostiques, Manichéens, Cathares, présentaient trois grandes phases de l’évolution:

1- Le Principe engendre des entités intelligibles dont la dernière, Sophia, tombe dans la matière.

2- Il naît d’elle un démiurge qui crée le monde sensible grâce aux germes spirituels qui sont emprisonnés dans la matière.

3- Ceux-ci, après avoir subi leurs « épreuves », remontent à leur origine et le monde sensible est détruit.

Au cours de la période centrale, les âmes descendent dans des corps pour y subir des épreuves qui les purifient et préparent leur salut.

« Le temps d’épreuves terminé, les fils de Dieu sont recueillis dans une terre nouvelle qui est faite de germes spirituels qui s’étaient égarés dans la matière et qui sont repris par un sauveur. »        Plotin.

                                   « Le mythe du péché originel, antérieur au Christianisme, est le voile d’une évolution nécessaire au cours de laquelle se parfait l’humanité dans le conflit du bien et du mal et se forme un monde nouveau. »         Déodat Roché.

                                   Chez les Cathares, on trouvait des dualistes absolus et des dualistes mitigés. Mais ce dualisme ne concerne que la manifestation. En effet, Satan est opposé à Christ, fils de Dieu, et non au Père.

Les Cathares croyaient à un Dieu tout puissant qui est le Père et d’où émanent toutes choses. Ils désignaient Christ et Satan comme des « Factores », des Facteurs, c’est à dire des organisateurs, l’un des esprits, l’autre des corps matériels. La matière première était faite par Dieu le Père, ainsi que le monde spirituel, l’action matérialisante de Satan s’exerçant pour l’organisation du monde terrestre et l’intrusion du mal.

                                   Rainier Sacconi, ex-Cathare, dit que le diable a créé (càd organisé) les choses visibles avec la permission de Dieu.

Les « Actes de la dispute d’Archélaos avec Manès » rapportent que quelqu’un du ciel tomba sur la terre comme un éclat de feu et devint ensuite le dragon. Ce mythe laisse remonter le mal comme le bien à l’absolu, non point directement, mais indirectement dans le but de former les âmes humaines et d’atteindre finalement à un plus grand bien.

                                   Les Cathares de Bulgarie, suivant le texte de           « La Cène Secrète », décrivaient ainsi la création du monde:

                                   Satan, la matière, s’élança vers le monde de l’esprit. En traversant les différents cieux, il séduisit des anges et à tous ceux qui l’avaient écouté, le Père ôta leurs vêtements, leurs trônes et leurs couronnes.

Les âmes qui acceptent la descente dans la matière perdent leurs facultés spirituelles.

Parvenu au cinquième ciel, Satan affronta St Michel et il fut vaincu.

Satan et ses anges sont alors refoulés et s’opère le processus de densification: Satan ordonna à l’ange de l’air: « Ouvre-moi les portes de l’air ». Et l’ange lui ouvrit les portes de l’air.

Continuant sa route vers le bas, il trouva l’ange qui tenait les eaux et renouvela sa demande. Enfin il arriva à la terre recouverte par les eaux et il sépara les deux.

                                   Satan et ses anges sont refoulés sur le firmament et la terre, mais ils collaborent en réalité à une œuvre voulue par Dieu le Père. En effet Dieu dit à Satan: Fais vite ce que tu fais, et Satan lui répond: Aie patience, je te rendrai toutes choses.

Le Père eut pitié de lui et lui donna le repos et la permission de faire ce qu’il voudrait jusqu’au septième jour; c’est la période

de la Genèse où Satan construit le monde et l’homme. Une fois l’homme doté d’une conscience individuelle, il doit se libérer de Satan et évoluer seul, avec l’aide de Christ. L’âme humaine est un ange déchu enfermé par le diable dans un corps de boue.

« Le Christ, dans la Cène, ne contredit pas la nature, au contraire l’œuvre de la nature est ainsi achevée. »    La Cène du Seigneur.              Paracelse.

                                   Satan a préparé les corps matériels pour y enfermer les âmes séduites par Lucifer. Voyant qu’il ne peut pas vivifier à lui seul un corps fait de terre, il demande à Dieu de lui envoyer Adam.

                                   Dieu le Père fait alors descendre son bon ange pour voir. Mais Satan et Lucifer saisissent Adam et l’emprisonnent dans le corps qu’ils ont préparé. Adam est le premier homme des Manichéens; Il porte en lui les âmes humaines qui vont s’incarner dans les corps matériels.

                                   Dieu est toujours vaincu par le diable dans le temps (comme la vie temporelle de Jésus-Christ le manifeste), parce qu’il n’a pas de méchanceté à opposer au mal; Il ne peut résister au mal.

En revanche, il est toujours vainqueur sur le plan du bien, de l’éternité, parce que le diable n’a pas assez d’être pour persévérer dans l’immuable, et qu’à la fin du temps, il devra rendre tout.

« Je suis le Seigneur et il n’y en a point d’autre. C’est moi qui forma la lumière et qui forme les ténèbres, qui fais la paix et qui crée les maux. Je suis le Seigneur, qui fais toutes ces choses. » Isaïe XLV 6-7

                                   Le monde créé par Satan est « néant », dans la mesure où Christ y est absent.

« Si je n’ai point la charité, je ne suis rien. » Corinthiens XIII.

                                   Donc tout ce qui est  sans charité, sans l’aspect Christique, est néant.

Ce n’est pas un aspect de néant absolu, mais une décadence vers le néant.

Une décadence vers le chaos de la matière préexistante qui a été faite sans Dieu, c’est à dire avant que le Cosmos fut formé par le Logos Christ.

Les termes mythiques de chute et de passion expriment l’involution des forces spirituelles qui organisent le Cosmos et le font évoluer. Le mal n’est donc pas au début, il ne surgit qu’au cours d’une évolution créatrice.

Quel était, selon les Cathares, le moyen de salut ?

                        L’âme détachée du ciel où elle a laissé son corps de lumière, au milieu des souffrances de ce monde, se tourne vers l’esprit qui la cherche, qui lui parle, et elle lui répond.

                                   Alors le Christ et l’Esprit Saint, dont Pierre Autier a dit qu’ils se sont différenciés du Père pour descendre dans le monde, viennent à son secours. Et finalement ils ne feront qu’un seul et même Dieu.

                                   Les Cathares pensaient que l’âme humaine doit se réincarner de « tunique en tunique » jusqu’au jour où elle entend cet appel venant de son monde d’origine. L’homme qui a éprouvé cet appel intérieur se détache peu à peu du monde « satanique » et par le baptême d’eau de Jean, l’Oraison, il devient un croyant.

                                   S’il persévère sur le chemin, il vivra le baptême d’esprit de Christ et deviendra un Parfait. Le témoignage visible en sera le sacrement du Consolamentum qui a pour effet de réunir l’âme à son esprit, d’assurer au croyant la remise de ses péchés (Karma) et de lui rendre sa vraie liberté: Non pas le libre arbitre, mais le pouvoir de connaître le mal et de lui résister.

                                   Le Consolamentum des mourants était une aide pour ceux qui n’avaient pas encore connu l’union de l’âme et de l’esprit mais qui étaient suffisamment avancés sur le chemin pour pouvoir éviter une nouvelle incarnation. (Service de détachement, Shamballa).

                                   Les Cathares utilisaient la Bible comme guide, en particulier l’évangile de Jean. Mais ils ne considéraient ce récit que comme un symbole, sans aucune valeur historique. Par exemple, il est dit dans la « Cène Secrète » que la Vierge Marie n’a pas été la mère du Christ, ni même une femme réelle. C’est l’Eglise Cathare qui est la vraie Vierge Marie, qui met au monde des Fils de Dieu.

Parlant de la Bible, Origène disait:

 « Un corps, la lettre qui paraît à tous les regards, une âme, le sens caché qu’elle renferme, un esprit, les choses célestes qu’elle figure et représente. »

                                   Et ceci s’applique à tous les faits de l’histoire du Christ:

« Chacun de ces faits est un symbole qu’il faut dépasser pour qu’ils aident à acquérir la connaissance directe de l’esprit. »

                                    Origène disait également que le terme de Parfait dont usait St Paul n’a qu’une valeur relative quand on l’applique à ceux qui sont sur la voie. Leur perfection ne sera réelle qu’après leur résurrection dans un corps de lumière.

                                   Les Cathares considéraient que la foi sans œuvres est morte et qu’il fallait d’abord obéir à l’injonction de Jésus-Christ: « Soyez mes imitateurs. »

Ils étaient des dualistes qui considéraient qu’il fallait abandonner ce monde du mal et réintégrer le monde du bien, le monde de l’origine.

Mais ils étaient également monistes car ils plaçaient au-dessus de la dualité Christ/Satan, Dieu le Père, source de toutes choses.

                                   Jean de Lugio lui-même, dualiste absolu, admettait que Satan ne fait rien sans la permission de Dieu. Il était le guide de l’Eglise d’Albanie, qui était en fait en Italie. Plus qu’une indication géographique, ce nom désigne, comme les Albigeois, les Purs; En effet il vient du latin alba qui signifie « blanc ».

De même Bogomile vient du slave Bog qui signifie Dieu. Dans cette langue, les aspects Christ et Satan s’appellent Bielobog et Tchernobog (Tchernobyl).Bielo = Blanc, Tcherno = Noir.

La doctrine populaire de l’opposition de deux substances, de deux natures, est pratique mais relative.

                                   Selon Manès, ce sont des forces spirituelles qui se caractérisent comme bonnes quand elles augmentent l’être ou comme mauvaises quand elles le dégradent.

Comme l’a écrit le philosophe M. Bastide, qui se déclare résolument dualiste, une dualité radicale d’orientation doit être substituée à la vieille dualité de l’âme et du corps.

Ainsi, en changeant par l’amour de Christ la direction des énergies spirituelles déviées, nous devons coopérer à la création d’une terre de lumière libérée de la mort et du mal.

« Le Catharisme »  Déodat Roché  Editions Poliphile

« Ecritures Cathares » La Cène secrète, le Livre des deux Principes   René Nelli   Editions Planète

2 réflexions sur « LE CATHARISME »

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