LE BOUDDHISME ZEN

LE BOUDDHISME ZEN

HISTORIQUE

              Les impulsions spirituelles lancées régulièrement par des envoyés sont soumises à la loi de ce monde:

La loi du changement, de la cristallisation, de la dégénérescence. Dès l’origine, le Bouddhisme se présenta sous deux aspects:

– Le Dharma, qui est la loi intangible, éternelle, et

– Le Sasana qui est l’enseignement manifesté dans le monde du « monter, briller, descendre », soumis à l’espace temps et donc destiné à disparaître une fois sa tâche accomplie.

Malheureusement, on voit régulièrement l’humanité se raccrocher à la forme vide laissée après le passage d’un envoyé. La réalisation intérieure est projetée à l’extérieur et l’on assiste à la création d’une religion exotérique.

Ainsi l’Hindouisme s’était-il perdu dans l’adoration d’une multitude de Dieux, oubliant l’essentiel, Bhraman, l’Esprit Unique source de toutes choses. Il fallut attendre plusieurs siècles pour voir la première manifestation extérieure du Bouddhisme, à savoir les statues de Bouddha qui apparurent vers le 1er siècle de notre ère.

L’enseignement du Bouddha était oral, il apprenait à ses disciples que chacun doit trouver en soi la voie de l’illumination en suivant le Noble Chemin Octuple. Ceux-ci notèrent ses paroles, des commentaires furent ajoutés, de grands saints donnèrent leur vision de l’enseignement du Bouddha. Tous ces textes sacrés furent rédigés puis recopiés par des moines qui consacrèrent leur vie à cette tâche. On se retrouva ainsi avec un trésor de milliers, de dizaines de milliers de livres.

Mais l’écriture, la lecture, la méditation sur ces textes, coupèrent les chercheurs de vérité de la réalité, les empêchant de PRATIQUER la Voie de l’Illumination. Pour combattre l’illusion, ils en avaient créé une autre, encore plus redoutable car plus subtile.

L’enseignement devait donc encore une fois être réformé, ou plutôt revivifié. Ce fut essentiellement la mission de Bodhidharma qui, venant de l’Inde au 6ème siècle, propagea en Chine le Bouddhisme Mahayana dit du Grand Véhicule. Son enseignement prit le nom de Ch’an puis devint le Zen en passant au Japon. Pour rompre avec les déviances commises, il prôna la pratique de la méditation en contact direct avec le Mental Cosmique, la Réalité Suprême présente au cœur de chaque être. Il balaya d’un revers de main l’abondante littérature sacrée qui n’avait, selon lui, aucune utilité dans la progression sur le Chemin de l’Eveil; ainsi que le disait Hui-neng (638-713):

 « Ne vous laissez pas bouleverser par le Sûtra, bouleversez plutôt le Sûtra vous-même »

Aux yeux de Bodhidharma, le Bouddhisme devait être une religion vivante, dégagée des rites, de la magie, des écritures et des spéculations intellectuelles. Une chose lui importait avant toute autre: La réalisation effective de l’état d’éveil.

L’esprit et le but du Ch’an étaient selon lui:

– Une transmission orale en dehors des écritures.

– Aucune dépendance à l’égard des mots et des lettres. – Une recherche directe vers l’essence de l’homme.

  • Voir dans sa propre nature et atteindre l’éveil parfait.

Bodhidharma ne fut pas le seul initiateur du Bouddhisme Ch’an qui succéda en fait à l’Ecole Mystique chinoise. Celle-ci aspirait à réaliser la synthèse des oppositions existant entre l’Esprit et la Matière, entre l’Essence Suprême de l’Univers et les apparences extérieures.

Les principaux initiateurs en furent Tao-an (312-385), puis Tao-cheng (360- 434) et Seng-chao (384-414) qui fut l’élève du moine Hindou Kumarajiva, le traducteur des Sûtras en chinois.

Le Bouddhisme Ch’an pénétra au Japon à partir du 6ème siècle par la Corée. Mais l’un des principaux responsables de la diffusion du Ch’an au Japon fut Myoan Eisai (1141-1215) qui se rendit en Chine. A son retour au Japon, il créa l’école Rinzai. Il fonda à Katata en 1194 le temple Shofukuji qui existe encore aujourd’hui.

Un autre grand initiateur du Zen fut Dôgen Kigen (1200-1253) qui, également au retour d’un voyage en Chine, créa l’école Soto Zen. Cette école attache plus d’importance à la minutie de la pratique quotidienne qu’à la recherche mentale de l’illumination intérieure.

Notons également Hakuin (1685-1768) de l’école Rinzai, initiateur de la méthode des Koan; ce sont des énoncés de vérités paradoxales qui ne peuvent être comprises par l’intellect. Ils forcent la pensée au silence, silence intérieur qui permet la manifestation d’un niveau de conscience plus élevé. Enfin Bankei (1622-1693): il insistait sur l’importance d’une attention parfaite à tous les détails de la vie quotidienne et s’opposait à l’entraînement aux méditations pouvant établir une scission entre la vie spirituelle et la vie ordinaire.

Les méthodes ou moyens dits positifs sont dangereux car ils limitent l’esprit dans une attitude d’imitation.

Le Zen a dégénéré en de nombreuses sectes comme l’Amidisme fondé par Hônen (1133-1212). Il a pour base le vœu qu’aurait fait le

Bodhisattva Amitâbha avant de réaliser l’état de Bouddha:

« Je n’accepte pas de devenir Bouddha tant que je peux venir au devant de celui qui aura cru en moi ».

Les adeptes pratiquant le Nembutsu, c’est à dire des invocations (Namu Amida Butsu) et des prières, renaissent dans le paradis d’Amitâbha, la Terre Pure. Cette pratique est à rapprocher du Catholicisme qui dit:

Quiconque croit en Jésus Christ et en l’autorité de l’église sera sauvé.

Le chemin intérieur est transposé en une intervention extérieure. Pourtant les grands maîtres Bouddhistes ont toujours déclaré que nul éveillé ne peut rien pour le disciple. Celui-ci doit trouver l’Eveil en lui-même et par la pratique.

ENSEIGNEMENT

           Le Bouddhisme nous apprend que la Nature de Bouddha, la Nature Divine, est présente, comme la rose mystique, dans le cœur de chaque être humain.

Comme le disait Hsi-yun (  -850):

« Le Mental Cosmique est le Bouddha… et le Bouddha est tous les êtres vivants. Ce Mental n’est pas moins manifesté dans les êtres ordinaires, ni plus manifesté dans le Bouddha ».

Nous sommes la réalité suprême, nous sommes le Mental Cosmique, mais nous ne le savons pas. Nous n’avons donc rien à faire au sens accumulatif du terme mais plutôt à dégager le trésor qui gît dans les profondeurs de la conscience, à défaire les complications innombrables qui nous emprisonnent, les influences Karmiques, astrologiques, héréditaires…

L’homme religieux tente de découvrir le lien secret qui l’unit à la présence divine qui demeure en lui-même et en toutes choses. Il n’y a pas de distinction entre créateur et créatures; pas de communion mais une intégration.

Le principal obstacle à ce travail est notre Moi, notre conscience qui n’est en fait qu’une illusion, un flot ininterrompu de pensées décousues.

Dôgen, dans l’école du Soto Zen, enseignait que l’Esprit doit être libéré de tout attachement, famille, éducation, lecture…

(Si tu aimes ton père et ta mère plus que moi, tu n’es pas digne de moi).

Il affirmait qu’il est inutile d’être instruit car la science peut détourner du seul but: l’obtention de l’Eveil.

L’étude de l’inertie de la force d’habitude est une des préoccupations principales du Bouddhisme, du Ch’an et du Zen.

La force d’habitude engendre la pauvreté intérieure, la paresse, la monotonie, l’inconscience et l’ignorance. A cette force s’oppose l’Eveil ou Satori. Celui-ci est création, renouvellement, intelligence pure et conscience cosmique. Il est dit dans le Sûtra du Diamant:

« Nous ne percevons pas le monde tel qu’il est en réalité. Notre imagination, nourrie par l’énergie engendrée par l’habitude, superpose sur le monde une construction illusoire, un mirage, des images pareilles à celles vues en rêve ».

PRATIQUE

              Le Ch’an et le Zen proposent un affranchissement de ce rêve. Cette libération exige un travail réalisé en profondeur. Il ne s’agit pas de prendre simplement conscience de telle ou telle mauvaise habitude (fumer, gourmandise ou excès en tous genres) et de s’engager dans la pratique d’habitudes opposées. Il est nécessaire d’aller très en profondeur pour mettre

fin au processus même de l’habitude dans sa totalité. Pour ce faire, le disciple doit s’efforcer de calmer le flot de pensées jusqu’à voir le vide interstitiel entre 2 pensées et se concentrer sur ce vide.

Le Vide vient du Sanscrit Sûnyata qui signifie Non-Soi, étranger à la réalité. Il ne s’agit pas d’un néant mais de l’absence de nos valeurs habituelles, de nos conceptions dualistes, des propriétés ou attributs que nous accordons aux êtres et aux choses; c’est le Non-Attachement.

Il n’est pas possible de définir la nature du Réel. C’est pourquoi l’on procède par négations: « Cela » n’est ni haut, ni bas, ni chaud, ni froid, ni vert, ni jaune…

Maître Eckhart l’exprimait ainsi:

« Etre vide de tout le créé, cela veut dire être plein de Dieu, et être rempli du créé, cela veut dire être vide de Dieu.

Le cœur vide a puissance sur toutes choses!

Qu’est ce qu’un cœur vide? Un cœur qui n’est attaché à rien, ne voit nulle part dans le monde son avantage mais est plongé dans la volonté de Dieu, ayant renoncé à la sienne propre ».

                Une autre notion venant du Taoïsme, et souvent mal comprise est le Wu Wei ou Non-agir (ou plutôt Non-réagir).

Il ne s’agit pas d’une inaction mais d’une action basée non sur notre égo mais sur l’autre réalité en nous.

(Non pas ma volonté mais que Ta Volonté soit faite).

Il exprime la nécessité d’un silence parmi les agitations du Moi.

Si nous voulons être réceptifs au Tao, le principe divin, il faut que cessent nos agitations mentales, nos violences, nos avidités, nos peurs.

L’absence de plan ou de but tels que nous les concevons n’entraîne ni incohérence ni inaction.

« Quoique le Tao n’ait aucun but, il ne laisse rien inachevé ».

                                       Lao Tzu.

« Plus le peuple a de moyens de s’enrichir, plus la vie familiale se trouble. Plus le peuple est habile et ingénieux, plus on voit surgir des inventions inutiles. Plus le flot des lois et des règlements monte, plus il y a de bandits.

C’est pourquoi le saint homme dit: je pratique le Non-agir et le peuple, (l’homme), se transforme de lui-même.

Je n’agis pas pour le lucre et le peuple s’enrichit de lui-même.

Je suis sans désir et le peuple revient à la simplicité primitive« .                              Lao Tzu.

 Il faut se concentrer sur ce que l’on fait, vivre dans le présent et ne pas laisser les pensées du passé et les spéculations sur l’avenir nous envahir.

 « Lorsque vous êtes assis, soyez assis; lorsque vous vous promenez, promenez vous simplement. Mais évitez par-dessus tout les agitations mentales’.                Yun-men (   -945)

« Ne pense pas au bien, ne pense pas au mal, mais regarde ce qu’est, au moment présent, ta physionomie originelle: celle que tu avais avant même d’être né. »             Hui-neng (638-713)

« Si vous ne parvenez pas à trouver la réalité où vous vous trouvez, où espérez-vous la trouver?        Nyogen Senzaki

« Quelle surnaturelle merveille! Et quel miracle. Voici: Je tire de l’eau et je porte du bois« .          P’ang-iun

Le processus est individuel et doit être vécu intérieurement par chacun.

« Soyez à vous-même votre propre lampe« . Le Bouddha.

Les moines Bouddhistes ne sont pas des intermédiaires entre Dieu et les hommes. Ils montrent la route que chacun doit parcourir lui-même, par ses propres efforts, sa propre lucidité.

 Les Eveillés, les instructeurs, les moines, ne peuvent réellement aider le monde qu’en réalisant l’Eveil intérieur. Ils ne peuvent rien affirmer. Leur rôle se limite à dénoncer les obstacles qui nous empêchent de nous éveiller à la découverte de notre nature réelle. De cette dernière, rien ne peut être dit.

« Je sais que je ne sais rien« .                  Socrate

Le Karma, loi de cause à effet:

Les occidentaux acceptent volontiers l’idée que ce que chacun sème, il le récolte; mais nombre d’entre eux souhaitent l’intervention d’une puissance extérieure ou espèrent le pardon d’un Dieu.

Un tel concept est étranger au Bouddhisme, au Ch’an et au Zen. A chaque cause dont nous sommes responsables correspond simplement un effet qui doit se manifester. Aucune puissance extérieure, aucun maître, aucun Dieu ne peut s’immiscer dans le processus de cause à effet présidant à la vie des êtres humains.

« Par soi-même seul, le mal est fait. Par soi-même, le mal est défait.

Par soi-même seul, on est purifié.

Pureté ou impureté appartiennent à chacun.

Nul ne peut en purifier un autre. »                 Dhammapada

Le Za Zen

La méditation assise est une expression qui, comme le Non-agir, ne doit pas être prise au pied de la lettre. Cette méditation doit être pratiquée continuellement, quelle que soit son activité. Il s’agit d’une orientation permanente sur le but à atteindre: l’Eveil. Il n’y a aucune séparation entre la méditation et l’action.

« Lorsque vous vous entraînez au Za Zen, vous devriez savoir que le Ch’an ne consiste ni à s’asseoir ni à se coucher. Si vous vous entraînez à devenir un Bouddha assis, vous devez savoir que le Bouddha n’est pas une forme fixe. Parce Que la Vérité n’a pas de forme fixe, elle ne peut être l’objet d’aucun acte de choix. Si vous vous transformez en un Bouddha assis, par cela même vous tuez le Bouddha. Si vous vous attachez à la position assise, vous n’atteindrez pas le principe du Ch’an. »       Huai-jang

Le Satori

Le but de cette démarche est d’atteindre l’Eveil ou Satori (Tun-wu en chinois), entrer au Nirvâna. Les Maîtres du Ch’an et du Zen utilisent l’expression « retourner chez soi » (Retour au Père, au Royaume Originel) ; atteindre le Za Zen, le silence mental au cours duquel aucune pensée ne s’élève. Grâce à cette transparence, l’on découvre sa nature profonde et véritable.

Le Satori se réalise par la cessation de toute affirmation de Soi. Il faut mourir à soi-même (Il doit croître et je dois diminuer).

La conscience personnelle se dissout et s’intègre à la conscience universelle du Mental Cosmique. La Réalité Divine présente en chaque être le relie à l’Esprit Originel: Unité de tous les êtres et dépassement de la notion de récompense personnelle dans tout acte spirituel ou autre. Le désintéressement doit être total.

Nirvâna vient de Nirva qui signifie s’éteindre. Ce mot veut dire extinction, extinction de la flamme du Moi, de ses attachements, de ses désirs, de son ignorance. Le résultat de cette extinction n’est pas un néant mais une plénitude qui ne résulte d’aucun travail rationnel.

L’Eveil ou Satori n’est pas un « résultat ». Il n’est en aucun cas construit par nos manipulations mentales.

L’attitude intérieure préparant le Satori consiste en un déblaiement des habitudes et des attachements inutiles. « Quand nous demeurons en Dhyâna (méditation en Sanscrit), nous sommes esclaves de Dhyâna. Si excellents que soient les mérites de ces exercices spirituels, ils nous mènent inévitablement à un état d’asservissement.

Il n’y a pas là de libération. Aussi peut-on considérer toute la discipline du Zen comme consistant en une série d’efforts pour nous rendre libres de toute forme d’asservissement« . D.T. Suzuki

Le Satori se caractérise par une vision intuitive dépassant nos représentations mentales. Ceci se trouve lié à son caractère supra rationnel. Il s’agit d’une expérience dépassant les dualités familières de spectateur et de spectacle, d’expérimentateur et d’expérience: L’Eveil intérieur supprime l’écart existant entre le sujet qui connaît et les objets de ses connaissances. Dans l’expérience du Satori nous sommes délivrés des pièges que nous tendent les distinctions apparentes des choses et des êtres. Nous ne les nions pas. Nous les situons à leur juste place qu’elles occupent dans un ensemble plus vaste et nous n’éprouvons aucun attachement à leur égard.

La vision intuitive du Satori est une expérience au cours de laquelle le Mental Cosmique – que nous étions sans le savoir – se révèle à nous dans son unité et sa totale homogénéité.

Il s’agit d’une union totale incluant notre monde de l’illusion ainsi que l’exprimait Fa-tsang (643-712):

« Du fait que les êtres sensibles se font des illusions, ils pensent qu’ils devraient abandonner ce qui leur semble illusoire et trouver ce qui est véritable. Mais dès que l’illumination survient, les distinctions entre l’illusoire et le véritable disparaissent. »

KOAN

Il s’agit d’un « problème Zen », d’une question dont la réponse est totalement irrationnelle, les Maîtres Zen étant résolument opposés à toute spéculation théorique sur cette réponse. Exemples:

« Qu’est ce que le Bouddha? 3 livres de lin! »        T’ung-shan

« Pour quelle raison Bodhidharma vint-il de l’ouest?

Le cyprès dans la cour! »                             Chao-chou

« Quel était votre visage avant votre naissance? »     Hui-neng

(recherche de sa nature profonde)

« Quel est le bruit d’une seule main? »                Hakuin Proverbe chinois: une seule main ne peut pas claquer. Peut-on entendre ce qui ne fait pas de bruit?

Peut-on avoir une connaissance quelconque de notre propre nature?

L’élève est ainsi amené finalement à se sentir complètement stupide: il ne sait tout simplement rien! L’esprit cherchant à connaître l’esprit, le Soi cherchant à contrôler le Soi, ont été anéantis. La sensation du voile opaque de la personnalité masquant la Réalité derrière l’apparence disparaît.

HAIKU

              Ce sont de petits poèmes de 17 syllabes apparus au 17ème siècle dans l’esprit Wu-shih: « Rien de spécial ».

Ils traduisent les choses dans leur naturalité, sans les commenter, vision du monde que les Japonais appellent Sono-mama:

« Tel que cela est ».

« La nuit longue;

le bruit de l’eau

dit ce que je pense. »

« Avec la brise du soir,

l’eau lèche

les pattes du héron. »

Ils peuvent aussi exprimer les sentiments humains de solitude, tristesse, compassion, égarement:

« Neige fondue qui tombe;

insondable, infinie

solitude. »

« La brume du soir;

songeant aux choses passées,

comme elles sont loin! »

Les Arts et le Zen

              Le thème constant de tous les arts Zen, c’est la vie sans but, l’expression de l’état d’âme de l’artiste. Les sujets favoris des artistes Zen sont des sujets naturels, concrets, des sujets de la vie courante. L’œuvre d’art n’est pas une représentation de la nature, mais elle est elle-même une œuvre de la nature. La véritable technique implique l’art du naturel, de la simplicité, « 1’accident contrôlé ». Les tableaux sont composés aussi naturellement que les rochers ou les plantes qu’ils représentent.

Les artistes inspirés par le Zen essaient de toucher l’âme en utilisant le vide, exprimé par l’espace vierge en peinture, par le silence en musique, l’ellipse en poésie, l’immobilité dans la danse.

De même un jardin Zen ou simplement une pièce d’habitation japonaise privilégient l’espace. Chaque œuvre d’art met l’accent sur le vide, sur l’autre Réalité, afin de provoquer un choc, une interrogation chez celui qui la contemple et ne peut la saisir avec l’Ego.

Japanese garden of meditation in sand with stone

La Cérémonie du Thé (Cha-no-yu) évoque une atmosphère de détente, de joie intérieure, de plénitude.

Quel est son mystère? Il n’y en a point. Un grand Maître du Thé dit ceci:

« Vous disposerez le charbon de bois de telle façon que l’eau bouille comme il convient; vous veillerez à ce que le breuvage ait un goût agréable. L’été, vous créerez une impression de fraîcheur dans la pièce où il se prend, et l’hiver une impression de confort ».

detail of two women in traditional kimono, kneeling on tatami preparing, pouring a cup of tea which is inthe hands of one woman. They are in traditional Japanese old house on tatami. This is in Toei studios in Kyoto with old buildings from Samurai times.

Les Arts Martiaux Japonais expriment la vertu du « Non-lutter« . Il ne faut pas résister à la force d’attaque mais l’accueillir comme le roseau plie sous la neige et le vent. Et c’est cette force d’attaque de l’adversaire qui finalement le neutralisera.

Selon Lao Tzu, la souplesse, la fluidité, a toujours raison de la dureté:

« Nouveau-né, l’homme est souple et frêle; mort, il est rigide et dur. Souplesse et fluidité sont les compagnes de la vie. Solidité et rigidité sont les compagnes de la mort.

Il n’est rien au monde de plus inconsistant et de plus faible que l’eau; cependant elle corrode ce qui est dur, rien ne peut lui résister ».

Le Tir à l’Arc est la représentation de la Trinité Originelle qui se manifeste dans le triple corps du Bouddha:

Essence, Potentialité, manifestation. (Dieu, Fils, Saint Esprit).

Elle est figurée également dans les 3 Joyaux du Bouddhisme,     Tri Ratna:

Le BOUDDHA (le tireur) est l’émetteur du message, le DHARMA (la flèche) qui est diffusé sur terre par la communauté des Moines, La SANGHA (la cible).

Lorsque le tireur, la flèche et la cible ne font plus qu’un, lorsque l’unité totale est réalisée entre Dieu et sa manifestation, la flèche part d’elle-même et vient se ficher au centre de la cible, en son cœur.

Young adult male practicing the traditional Japanese sport of Kyudo, archery. Okayama, Japan. March 2017

En conclusion nous dirons que le Zen n’est pas une méthode mais un état d’esprit régi par la spontanéité, une acceptation de la nature humaine qui en reconnaît ses limites, permettant par-là de s’en détacher et ainsi de donner la possibilité à la Réalité Suprême présente en nous de se manifester à nouveau.

Le Zen      Robert Linssen            Marabout Université

Le Bouddhisme Zen      Alan W. Watts       Payot

Essai sur le Bouddhisme Zen    D.T. Suzuki     Albin Michel

2 réflexions sur « LE BOUDDHISME ZEN »

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