L’ALCHIMIE

L’ALCHIMIE

L’ALCHIMIE

PROCESSUS D’EVOLUTION DE LA CONSCIENCE

L’Œuvre des sages qui est la composition de la pierre peut être comparée à la création de l’univers.

En effet, cet ouvrage de l’esprit et de la sagesse humaine représente fort bien l’ouvrage de l’esprit et de la sagesse divine qui a créé le monde.

Mais il y a cette différence que Dieu créa toutes choses sans avoir besoin d’aucun sujet qui servit de matière ou d’instrument à son opération, alors que le philosophe a besoin d’une matière sur laquelle il travaille et du feu comme l’instrument de son ouvrage.

L’Art travaille sur un certain chaos ou corps ténébreux et sépare d’abord la lumière des ténèbres. Le sage artiste n’a d’autre soin que de préparer la matière, de séparer le subtil de l’épais et le feu de la terre et de tirer de ce chaos une certaine humidité mercurielle, brillante et lumineuse qui contient tout ce qu’il cherche (l’âme).

Les éléments de la pierre philosophale qui sont l’eau et le feu (âme esprit), sont contenus dans ce chaos. Ces deux matières sont toutes choses, sont partout et en tous temps.

Du premier chaos ou sujet primitif, créé des mains de la nature, l’art sépare et purifie la matière et ôte par ce moyen toutes les impuretés qui sont les obstacles ténébreux opposés aux opérations lumineuses de la nature. Ainsi il engendre et fait sortir de ce chaos Apollon et Diane, le soleil et la lune, qui naissent de Délos, c’est à dire par la manifestation des choses cachées. C’est la première opération où l’artiste compose l’or vif ou soufre des sages, et l’argent vif, et les ayant unis tous deux, il en fait le mercure des sages dont le père et la mère sont le soleil et la lune.

C’est ce Mercure des philosophes (l’âme) qui suffit à l’artiste avec le feu. Et de ce Mercure seul on peut faire un or véritable et bon à toute épreuve. Cet or, tout de feu et plein de vie, on en compose un agent qui triomphe de toutes les impuretés métalliques et l’on peut le multiplier à l’infini.

                 Psautier d’Hermophile envoyé à Philalète

L’alchimie est donc un processus de développement de la conscience. Son but est l’extraction du Mercure (l’âme) et sa conjonction avec le Soufre (l’esprit).

Ainsi que le disait Hermophile, il y a trois alchimies:

  1. L’alchimie cosmologique:

POST TENEBRAS LUX. Du chaos originel, des ténèbres, doit émaner la lumière. Le grand souffle divin, au contact de la substance primordiale, l’eau vive, éveille un feu qui est l’âme. Nous y voyons en œuvre trois des quatre éléments fondamentaux: le feu, l’air et l’eau. Ces trois éléments doivent finalement conduire à la réalisation du quatrième, celui de la forme, de la terre.

2- L’alchimie anthropologique:

Quand la terre est formée, naît la vie dans les marais laissés par le reflux des mers après le déluge précédent. L’homme est créé à partir du limon de la terre, comme il est dit dans de nombreuses mythologies. Il va se développer suivant les quatre éléments: terre/os, eau/sang, air/poumons et feu/ conscience tête et cœur.

3- L’alchimie du salut:

Lorsque la stature de l’homme matériel est achevée, que celui-ci est doté d’une conscience individuelle, il doit prendre le relais de la nature et commencer le processus alchimique intérieur. Cet art n’est en fait que de savoir assister la nature, et de mener la progression minérale en un état qui est au-delà de celui de l’or.

L’alchimiste doit purifier, séparer puis unir les trois principes pour retrouver la stature divine Homme-Ame-Esprit en un état supérieur à ce qu’elle était à l’origine.

La base de travail a été le chaos, puis le limon. Dans cette alchimie de la remontée, nous sommes nous-mêmes cette matière de base que les alchimistes appellent le compost ou tourbe des philosophes. On parle également de composé, arsenic, aimant, acier, magnésie… Ce composé, selon Arthéphius, est corporel et spirituel, car il participe du corps et de l’esprit.

Suivant Philalèthe, il est un assemblage de trois natures différentes, mais de même origine. Ce compost doit être travaillé à l’aide de l’eau vive mercurielle, du feu soufré et de l’azot, la force d’amour Christique.

Dans chacune des trois alchimies nous retrouvons donc les quatre éléments qui sont le feu, l’air, l’eau et la terre qui, combinés à la conscience triple Dieu, Fils, Saint Esprit donnent l’homme divin septuple.

Il faut débarrasser l’alchimie des images de laboratoire, de cornues et de savants opérant des expériences secrètes afin de fabriquer de l’or. L’alchimie est un processus intérieur, l’art de la purification pour atteindre la perfection. Elle mène symboliquement à la transmutation du plomb de la nature en or spirituel.

PUTREFACTION

              Nous sommes donc la matière sur laquelle va s’exercer l’art alchimique. La croix est le hiéroglyphe alchimique du creuset. C’est en effet dans le creuset que la matière première, comme le Christ lui-même, souffre la passion; c’est dans le creuset qu’elle meurt pour ressusciter ensuite, purifiée, spiritualisée.

La première opération que va subir cette matière est la putréfaction, le passage par les ténèbres. En effet, le sang minéral dont il est besoin pour animer le corps fixe et inerte de l’or est une condensation (matérialisation) de l’esprit universel, âme de toute chose. Cette condensation sous la forme humide ne s’accomplit que la nuit, à la faveur des ténèbres.

Une graine doit être enfouie en terre afin de germer et de donner une plante qui, elle, sera nourrie d’eau et de lumière.

« La Rosée de Mai, humidité vivifiante, s’extrait aisément d’un corps particulier, abject et méprisé. »

Selon Huginus, la matière de base du grand œuvre est « de la vraie terre, bien imprégnée des rayons du soleil, de la lune et des autres astres ».

La couleur noire est symbolisée en alchimie par le corbeau. Il exprime, dans la cuisson du rébis philosophal, la première apparence de la décomposition consécutive à la mixtion parfaite des matières de l’œuf. C’est la marque certaine du succès futur, le signe évident de l’exacte préparation du compost.

La couleur noire fut donnée à Saturne (plomb), la terre, la nuit, la mort… elle est la marque de notre monde, de notre humanité.

Il faut couper la tête du corbeau afin qu’apparaisse la couleur blanche, l’ancienne nature en nous doit s’effacer afin de laisser à l’âme la possibilité de s’exprimer dans notre microcosme.

« Si la matière n’est pas corrompue et mortifiée, vous ne pourrez pas extraire nos éléments et nos principes; cette fermentation est fort longue et il faut avoir une grande patience, parce qu’elle se fait par notre feu secret, qui est le seul agent qui puisse ouvrir, sublimer et putréfier. »    La Clef du Cabinet Hermétique

« Lors est tout le compost tourné en manière de poix fondue, et est tout noirci comme charbon. Le corps est privé de son âme, qu’il a perdue, et de sa resplendeur et merveilleuse lucidité qu’il avait premièrement, et maintenant est noir et enlaidi. » Bernard Trévisan

Batsdorff, auteur du Filet d’Ariadne, enseigne que la putréfaction se déclare quand la noirceur apparaît, et que c’est là le signe d’un travail régulier et conforme à la nature.

« Les philosophes lui ont donné différents noms: Occident, ténèbres, éclipse, tête de corbeau, mort, mortification du mercure… Il appert donc que par cette putréfaction on fait la séparation du pur et de l’impur. »

Il y a dans la forêt, notre corps, une bête recouverte de noirceur. Si quelqu’un lui coupe la tête, elle perd alors cette noirceur et se transforme en blanc resplendissant.

Ce commencement de l’œuvre ne doit pas sembler négatif car il est le point de départ d’un processus grandiose et l’homme possède en lui, en puissance, son devenir. Car dans la forêt sont cachés également le cerf (l’âme) et la licorne (l’esprit). Et bienheureux celui qui saura les capturer afin qu’ils demeurent unis ensemble.

Alchimiquement, la matière première, celle que l’artiste doit élire pour commencer l’œuvre, est dénommée « miroir de l’art« .

Ce miroir symbolise l’illusion de cette nature qui n’est qu’une image de la réalité (Narcisse). Il marque le début de l’ouvrage, comme l’arbre sec dans la cathédrale de Metz, l’arbre de vie la fin et la corne d’abondance le résultat.

SEPARATION

              C’est l’opération suivante. L’adepte sépare soigneusement le pur de l’impur et libère ainsi les forces actives de la matière qui les retient.

« Car le mystère de la nature dans les corps est comme le feu dans un morceau de bois: il ne peut brûler tant que le bois est humide. »                                   Paracelse

                La dualité homme/esprit est illustrée par le Griffon, corps de lion et tête d’aigle, qui initie l’investigateur aux qualités contraires qu’il faut nécessairement assembler dans la matière philosophale. Faire voler l’aigle, c’est faire sortir la lumière du tombeau et la porter à la surface, ce qui est le propre de toute véritable sublimation.

Afin de marquer la violence du combat qui précède la conjonction, les sages ont symbolisé les deux natures par l’aigle et le lion.

Le lion traduit la force terrestre et fixe, tandis que l’aigle exprime la force aérienne et volatile. Le premier agent magnétique servant à préparer le dissolvant (Alkaest) est appelé lion vert: c’est un fruit vert ( qui n’a pas encore mûri), la jeunesse métallique sur laquelle l’évolution n’a pas ouvré mais qui contient le germe latent d’une énergie réelle, appelée plus tard à se développer. C’est l’arsenic et le plomb à l’égard de l’argent et de l’or. C’est l’imperfection actuelle d’où sortira la plus grande perfection future. (= vitriol vert, émeraude des philosophes, Rosée de Mai…)

Le lion vert doit devenir le lion rouge ou or hermétique.

Cette double nature est également symbolisée par le laiton qui est un alliage de deux métaux: « Notre laiton est rouge dans son commencement (sang). Mais il nous est inutile si la rougeur ne se change pas pour faire place à la blancheur. Puis ce laiton se change en or ».

L’ABSOLU EST EN L’HOMME: L’AME

L’homme est à la fois l’outil et le patient. La personnalité doit s’effacer pour laisser la place à l’autre en nous; l’ouverture du cœur se produit après avoir coupé la tête du corbeau noir; elle entraîne l’éclosion de la rose blanche, Rosa Alba.

Une étoile à six branches, dite étoile des Mages, rayonne à la surface du compost, c’est à dire au-dessus de la crèche où repose Jésus. C’est le sceau de Salomon.

Artéphius dit que l’eau, qui est l’âme, l’essence du composé, ne peut se faire que par la destruction du composé, dans lequel les âmes du corps sont liées. Nous n’avons besoin que de cette âme, ou moyenne substance des corps dissous, et qui est le commencement, le milieu et la fin de l’œuvre, de laquelle notre or et sa femme sont produits.

La purification de ce chaos est très nécessaire. Elle doit se faire dans notre feu humide (l’âme), par le moyen duquel on ouvre les portes de la justice (ouverture du cœur). C’est le dissolvant de la nature qui réveille un feu interne assoupi, propre à dissoudre le corps d’où lui-même a été tiré avec la doctrine de tous les sages.

Tous les philosophes disent que leur mercure est enfermé et emprisonné dans le chaos du premier chaos minéral que la nature leur présente et qu’il est tiré et mis en liberté par le recours de l’art qui vient aider la nature et qui commence où elle a fini.

Elle-même lui donne la main et l’accompagne partout, à mesure que les esprits se tirent de l’esclavage du corps et se séparent des esprits les plus grossiers de la matière, qui demeurent au fond du vaisseau et qui sont incapables de solution.

HOMME TRIPLE

Le Cosmopolite appelle magnésie notre chaos qui est composé de corps, d’âme et d’esprit. Le corps est ce qui donne la fixité qui retient l’âme et l’esprit. De ces trois bien unis, c’est à dire du soleil, de la lune et de la terre, se fait notre pierre.

Mais auparavant un composé doit être purifié dans notre eau.

Le Mercure est l’agent de dissolution qui extirpe du corps, avec lequel on travaille, les éléments soufre et mercure. D’une base simple, nous obtenons trois éléments clefs pour le travail alchimique. Ainsi dans le corps sont l’âme et l’esprit demeurant invisibles, et tout l’art consiste à savoir extraire de un ces trois séparés, puis de trois les réunir en un seul et même corps glorieux.

Le Mercure est l’agent et le résultat. C’est une eau lourde que l’on extirpe des métaux, ou principe vital du métal.

L’ABSOLU EST EN L’HOMME: ESPRIT-FEU

L’esprit, qui a quitté le microcosme, est représenté par la salamandre ou sel central, feu secret des sages, notre or…

Sal = sel, mandra = étable, creux de roche. Le sel précieux de la pierre prend naissance dans le creux de roche, le sal petri dont parle Limojon de Saint Didier: « Notre eau est une source vive, qui sort de la pierre par un miracle naturel de la philosophie. »

Car il y a à l’origine dans notre mer (le corps), deux poissons (l’âme et l’esprit) qui sont sans chair ni os (d’une autre réalité que la nôtre). Il faut les cuire dans l’eau qui leur est propre.

On retrouve dans l’art spagyrique le processus éternel de respiration, création de l’univers avec l’expiration et retour à l’unité par l’inspiration, un phénomène de dilatation/contraction du cœur divin.

Le Cosmopolite remarque un point fixe auquel par dilatation se font toutes choses et puis par concentration toutes choses trouvent leur repos et une fixité permanente.

C’est ce point fixe, situé au cœur du microcosme, que l’adepte doit retrouver par l’art alchimique. Lorsque l’on pratique la dis- solution par l’eau philosophique, le trésor caché est découvert, c’est le centre révélé.

« Notre levain (feu de Vulcain) contient un esprit igné, d’où vient qu’il pénètre le corps par sa subtilité et qu’il fait lever le germe qui n’était dans le corps qu’en puissance et ne serait jamais passé en acte sans l’addition de notre levain. »

La salamandre est l’expression spagyrique de la calcination. Celle-ci ne se fait par aucun feu vulgaire mais demande l’aide d’un agent occulte, d’un feu secret, lequel ressemble plus à une eau qu’à une flamme. Ce feu, ou cette eau ardente, est l’étincelle vitale communiquée par le créateur à la matière inerte; c’est l’esprit enclos dans les choses, le rayon igné impérissable, enfermé au fond de l’obscure substance.

Elle participe de la réincrudation métallique qui doit redonner vie au métal par le feu secret. On cherche à réintroduire la Salamandre en le métal afin que celui-ci reprenne le cours de son évolution naturelle, l’esprit doit réintégrer le microcosme, marquant par-là le rétablissement du peuple de Dieu et de toute la création.

« Le séjour de Dieu dans notre cœur, voilà en vérité la pierre des sages. »                             J.V. Andreae

Le procédé spagyrique s’accomplit grâce au principe purificateur du feu, à la force salvatrice de l’eau vive ou par volatilisation. Ce qui reste de matière durant ce processus est la terre. De cette manière le triple corps divin naît du quaternaire de la création.

Quand les trois principes, le Soufre (l’esprit), le Mercure (l’âme) et le Sel (le corps) sont séparés par des distillations (purifications), des fermentations (maturation) et des combustions (action du feu divin) répétées, ils sont à nouveau réunis dans une forme supérieure, transmutée.

SOLVE ET COAGULA      Il doit croître et je dois diminuer.

Nous sommes à la fois la matière, le vaisseau, le creuset, soumis au feu de l’athanor. La tête du corbeau noir ayant été coupée, une couleur blanche apparait sur le compost, la naissance de l’âme dans le microcosme.

Puis le composé devient rouge, manifestant le renouvellement du sang et la nouvelle activité du foie qui capte de nouvelles forces astrales.

La personnalité doit alors s’effacer devant l’autre en nous et se mettre à son service.

Il faut volatiliser le fixe, dissoudre la matière et fixer le volatil, fixer l’esprit dans le corps.

Il faut chercher une chose volatile, l’âme; pour la retenir, il faut faire un vase, un vaisseau. Nous sommes nous-mêmes le vaisseau ou œuf philosophique, composé disposé dans son vase propre et prêt à subir les transformations que l’action du feu y provoquera. C’est un œuf, puisque sa coque renferme le rébis philosophal formé de blanc et de rouge.

 Le vaisseau sert à la coction, il est le chercheur qui se soumet à l’action du feu divin.

On ne peut obtenir le soufre, cet esprit, ce sang rouge des enfants, qu’en décomposant ce que la nature avait d’abord assemblé en eux. Il est donc nécessaire que le corps périsse, qu’il soit crucifié et qu’il meure si l’on veut extraire l’âme, vie métallique et rosée céleste, qu’il tenait enfermée. Et cette quintessence, transfusée dans un corps pur, fixe, donnera naissance à une nouvelle créature, plus resplendissante qu’aucune de celles dont elle provient.

Les corps n’ont point d’action les uns sur les autres. L’esprit seul est actif et agissant (Par soi-même le mal est fait, par soi-même seul il peut être défait; nul ne peut en libérer un autre. Bouddha).

La dissolution se fait par notre Mercure (âme) pour ôter au mercure vulgaire (âme naturelle) ce qu’il a de terrestréités corrompantes, et si on pouvait lui donner la chaleur du soufre incomburant (esprit), c’est à dire une vertu spirituelle et ignée, les ténèbres de Saturne étant dissipées, on verrait sortir ce Mercure tout brillant de lumière. Ce serait celui des philosophes.

La dernière purification ignée est la sublimation:

Dans cette opération, les superfluités se détruisent, les matières terreuses perdent leur cohésion et se désagrègent, tandis que les principes purs, incombustibles, s’élèvent sous une forme très différente de celles qu’affectait le composé.

C’est là le sel des philosophes, le roi couronné de gloire, qui prend naissance dans le feu et doit se réjouir dans le mariage afin, dit Hermès, que les choses occultes deviennent manifestes.

L’UNION DU ROI ET DE LA REINE

L’œuvre alchimique est une œuvre de longue haleine, une lente maturation. L’absorption du fixe par le volatil s’effectue lentement et avec peine. Pour y réussir, il faut employer beaucoup de patience et de persévérance et réitérer souvent l’effusion de l’eau sur la terre, de l’esprit sur le corps.

La lumière descend le long de la colonne vertébrale jusqu’au sanctuaire du bassin.

« En la conjonction, il s’élève de violents orages et les flots de la mer offrent le spectacle d’un aigre combat. »

Nicolas Flamel a représenté cette lutte par un combat d’animaux dissemblables: aigle et lion, Basile Valentin, le coq et le renard.

Un horrible dragon habite la forêt ; Mais de son venin peut être fait une souveraine médecine. Le dragon du sanctuaire du bassin, siège des forces karmiques, ayant été terrassé, la lumière remonte vers le sanctuaire de la tête pour les Noces Chymiques du roi et de la reine, l’esprit et l’âme.

La sublimation aboutit à l’union intime du Soufre et du Mercure. C’est par-là que le Mercure exalté se dépouille de ses parties grossières et terrestres, et s’empare d’une portion du corps fixe, qu’il dissout, absorbe et assimile.

Ce mercure ainsi dégagé de sa première coagulation contient en soi une double nature, à savoir une ignée et fixe, l’esprit, et une humide et volatile, l’âme. La première qui lui est intérieure est

le cœur fixe de toutes choses, permanent au feu et très pur fils du soleil, lui-même feu essentiel, véritable véhicule de lumière et le vrai soufre des philosophes.

La deuxième nature qui lui est intérieure, la quintessence de tous les éléments, est le véritable mercure des philosophes.

Vient ensuite ce que l’on appelle en alchimie: Nigredo, le silence, la mort du moi. Ce silence engendre la Rosa Alba, la rose blanche de l’amour divin, le Mercure blanc.

Cette âme fait jaillir la lumière dans le sanctuaire de la tête, le roi rouge se lève, le Soufre des philosophes surgit. C’est l’esprit de Dieu qui descend.

 Le roi rouge s’unit à la reine blanche et de leurs noces naît la pierre philosophale.

Des noces de l’âme et de l’esprit naît une personnalité nouvelle et céleste, dans le feu de l’amour, le sel du feu Christique secret, appelé quintessence.

Cette double unité est figurée par le Rébis;

RE-BIS, être double, humide et sec, amalgame d’or et de mercure philosophique, combinaison qui a reçu de la nature et de I’art une double propriété. C’est un enfant androgyne, mâle et femelle, nourri du sang de son père, l’esprit, et du lait de sa mère, l’âme. Ce sang et ce lait mêlés ensemble prendront la couleur d’une quintessence dorée, le manteau d’or de l’âme.

Dans le creuset, le compost prend une couleur dorée, le plomb a été transmuté en or.

Ce mariage est ainsi décrit par Philalète:

« La semence métallique que nous cherchons dans l’or des sages est un esprit subtil et pénétrant; c’est une âme pure, réduite en eau et en un sel, et ce baume des astres, lesquels étant unis ne font qu’une eau mercurielle.

Or cette eau doit être amenée au Dieu Mercure qui est son père, pour être examinée. Alors le père épouse sa fille, et par ce mariage, ils ne sont plus deux, mais une seule chose, qu’on appelle huile vitale.

L’eau dont nous parlons est l’azot, la force d’amour christique, qui sert à laver le laiton qui est notre sujet, notre airain ou or rouge, qu’il faut blanchir. » (Azot = A à Z, l’Alpha et l’Oméga).

Le Mercure des sages est donc composé du corps, d’âme et d’esprit. Mais son corps, après avoir passé par toutes les opérations de l’art, est spiritualisé, et ayant été élevé en gloire, il illumine tout et triomphe de tout ce qui est dans le règne métallique.

Il sépare la lumière des ténèbres qui obscurcissent ses frères, esclaves de l’impureté.

La connaissance alchimique s’exprime dans le traitement dés métaux. Ceux-ci se trouvent dans la dernière phase évolutive de la densification de la matière, comme nous-mêmes. Ils ressemblent à des embryons endormis dans les ténèbres de la terre pour évoluer jusqu’à devenir de l’or au cours de millions d’années.

Paracelse nous ramène à la sagesse originelle selon laquelle l’œuvre alchimique a commencé dans la nature mais doit être parachevée par la connaissance et l’effort consciemment appliqué de l’homme.

Il n’y a pas d’évolution automatique du champ de vie spatio-temporel avec toutes ses formes de vie. L’étincelle tombée dans la matière doit être reliée au paradis par la ressouvenance. Une nouvelle création peut naître de cette liaison renouvelée avec la source, la prima materia.

En tant que catalyseur de la création, l’alchimiste dynamise ce développement. Il transforme les métaux en or; il dissout ce qui n’est pas noble et le mène à la perfection. Tout homme qui a réalisé en lui-même le processus de mort et de régénération est un prêtre médecin. Il devient celui qui guérit, qui apporte la bénédiction. Il ne peut faire autrement car l’or de l’esprit s’est formé en lui et il rayonne vers tout un chacun sa force d’amour transmutante.

Le but final de la nature déchue, dans le champ de l’espace et du temps, est la réconciliation (réintégration): le retour des entités divisées à l’unité universelle, le retour des fils à la maison du Père. Cette évolution s’accompagne d’une transformation de la conscience: c’est un processus alchimique. La pierre des sages qui génère le processus de transmutation, c’est l’homme qui a acquis la sagesse et libéré la raison supérieure, le nouveau penser de Mercure.

« Celui qui veut trouver la pierre des sages doit déjà l’avoir formée en lui-même. »     Paracelse.

Les alchimistes travaillent dans la nature, sur la nature et par la nature. Christian Rose-Croix est un « Chevalier de la Pierre d’Or » dont le premier commandement décrète que les chevaliers doivent leur ordre d’une part à Dieu, et d’autre part à sa servante, la nature.

Grâce à l’étude de la philosophie et de l’alchimie, celle-ci dévoile au chercheur tous ses secrets.

La nature n’est donc pas mauvaise en soi ainsi que nous le dit Hermophile:

« Quelque noblesse que nous trouvions dans notre mercure, la semence dont il est fait et composé par notre art, n’est pas différente de celle dont tous les métaux sont composés; et les corps métalliques ne diffèrent l’un de l’autre que par le plus ou le moins de décoction et de pureté; car la semence est la même et ces superfluités introduites ou restées dans leur congélation (densification), ne sont pas naturelles aux métaux et n’ont pas corrompu leur semence, qui est une portion de lumière céleste et incorruptible, qui luit dans les ténèbres et qui est pure dans les ordures. »

L’esprit, l’or vivant ou soufre vif, est en tout et en tous. C’est ce soufre, dit Sendivogius, à qui les philosophes ont donné le premier rang, comme au principal des principes. C’est ce premier agent qui est tenu fort caché. Il est pourtant fort commun. Il est partout et en toutes choses. Il est minéral, végétal et animal. Il est la vie de toutes choses et une portion de cette lumière qui fut faite au commencement du monde. Il est le principe de toutes les congélations (matérialisations) et de toute maturité.

Ce processus de descente (ou « chute ») et de remontée fait partie du plan divin:

Les philosophes ont tous reconnu deux sortes de soufre, l’un est extrême et sert de cause efficiente et mouvante au dehors, l’autre est cause interne et comme forme informante. La première ayant fait son opération se retire, et pour lors c’est la putréfaction du métal.

Le second est une portion ineffable de cet esprit lumineux contenu dans la semence qui est l’humide radical métallique (l’âme en devenir).

L’or n’est ni le mercure des sages, ni la pierre. Car quoiqu’il soit aussi pur que l’un ou l’autre, il n’en a pas la subtilité. L’or est mort, mais il peut ressusciter par la vertu du Mercure des sages, l’esprit divin, qui est son dissolvant et l’auteur de sa mort, qui le fait descendre dans les enfers et qui l’en retire pour le faire monter jusqu’aux cieux et lui procurer cette subtile fixité qu’il n’a pas de sa propre nature.

L’alchimie est chrétienne et l’on retrouve mêlées les deux symboliques. Ainsi l’adepte est d’abord l’homme-Jean, qui peut être utile à l’œuvre si on peut lui ôter ce qu’il a d’impuretés et suppléer à ce qui lui manque de vertu ignée.

Il dit de lui-même qu’il est Mercure (le mercure vulgaire), mais qu’il y en a un autre qui ouvre les portes de la justice, dont il est le précurseur. C’est un grand avantage du mercure vulgaire d’être la voie de son maître et le précurseur du mercure des sages qui, d’après le grand Philalèthe, vient délivrer ses frères les minéraux, métaux, végétaux, animaux et tous les corps naturels, de toutes leurs souillures originelles: toute la création soupire après la libération des enfants de Dieu.

Ce précurseur est de même nature que le Seigneur (cf. nature du Bouddha), mais celui-ci est infiniment plus noble car il est né d’une terre vierge et conçu d’un esprit céleste au lieu que le précurseur a été conçu en iniquité comme les autres corps métalliques, quoiqu’il ait été purifié dans la suite pour être rendu digne de préparer les voies du Roi philosophique.

HOMME-AME-ESPRIT      HOMME-AME       HOMME-ANIMAL

ESPRIT                AME             CORPS           Microcosme

PERE                  FILS            ESPRIT SAINT    Macrocosme

FLAMMA                NATURA          MATER

SPIRITUS              AQUA            SANGUIS

SOUFRE                MERCURE         SEL

SOLEIL                LUNE            TERRE

OR                    ARGENT          PLOMB

SOUFRE VIF            ELIXIR          PIERRE DES PHILOSOPHES

Lorsque ces trois éléments sont séparés, est une essence morte qui ne peut être usée profitablement.

REINCARNATION

Le feu dont notre Vulcain est embrasé fut autrefois dérobé par Prométhée  et porté sur la terre, ce qui fut cause que pour punition de ce vol, il  fut enchaîné à un rocher, un vautour lui dévorant le foie qui renaît toujours par la vertu du vautour même, qui lui laisse la facilité de germer et renaître après sa mort, pour vivre d’une nouvelle vie.

Ce sel (Sal Menstrualis: sel cristallisant, conservateur et purificateur: éthers) est l’agent de la nature qui renverse le composé, le détruit, le mortifie et le réengendre souvente fois. Il est le principe du mouvement et cause de putréfaction.

Le Mystère des Cathédrales   Fulcanelli  Jean-Jacques Pauvert

Petit traité de la pierre philosophale du noble Lambsprink

Editions Ramuel

Le Macrocosme ou traité des minéraux   Basile Valentin

Editions Ramuel

Les Noces Alchimiques  Jan Van Rilckenborgh   Rozekruis Pers

Le Psautier d’Hermophile envoyé à Philalèthe Editions Dervy

Traité des Trois Essences Premières  Paracelse  ARCHE

Le Trésor des Alchimistes Jacques Sadoul Ed.Publications Premières

Alchimie   Arnold Walstein   MAISON MAME

Le Savoir Caché des Alchimistes  C.A. Burland  Robert Laffont

L’Alchimie, Science et Sagesse  Encyclopédie Planète

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