LE GRAAL ET LA ROSE
Une antique légende raconte que le Graal est la coupe utilisée par Jésus lors de la Sainte Cène. Selon cette légende Joseph d’Arimathie y a recueilli le sang du crucifié et a pris ensuite le Graal sous sa protection. Plus tard, ses successeurs ont transporté le Graal vers l’ouest où il est jusqu’à nos jours gardé secret.
Le Graal a donné lieu à de nombreuses autres légendes ; on le retrouve partout, de l’extrême occident druidique au lointain orient : il apparaît en Perse, resurgit chez les premiers chrétiens gnostiques et les manichéens, puis vient animer la gnose médiévale, le catharisme.
Mais le Graal ne saurait être trouvé dans les traditions, même millénaires, dans les ruines du passé, au milieu des débris d’une vérité oubliée. Car il n’a jamais disparu. Il est simplement de « l’autre nature », de l’immuable. Il provient d’une source unique intemporelle, du puissant foyer de la Vie originelle. Pierre du ciel, vase ou coupe d’immortalité, emplie des Eaux Vives, il ne peut être approché, dit la légende, par l’homme non préparé. Mais celui qui renouvelle son être reconnaît le Graal et il est connu de lui.
Il apparaît alors dans une nuée de lumière, inaccessible aux sens, et sa réalité fait pâlir celle du monde, sa force a raison de toute faiblesse.
Animé d’une vie propre, il vient habiter le temporel, y accomplit sa tâche et disparaît.
Le Graal est le dernier témoin de la liaison intérieure avec le Royaume originel de la Lumière, la Patrie céleste d’où l’homme, un jour, chuta.
Il rayonne et déverse sur le monde les forces de l’Immuable, du Royaume originel. Il appelle et vient rechercher « ce qui s’est perdu ».
Mais qu’est-ce qui s’est perdu dans le temps ?
C’est l’étincelle de lumière originelle, le dieu endormi que l’homme porte en lui.
C’est la rose du cœur, le foyer central de notre microcosme humain.
La Rose est le premier grand mystère de notre origine. Il y a en elle un principe nucléaire divin, un atome primordial de l’Esprit. Elle est située au centre du microcosme, cette vaste sphère magnétique qui entoure l’homme.
Le Graal, par lequel les forces originelles se déversent, possède donc le pouvoir d’influencer ce foyer secret en l’homme et de déclencher en lui un grandiose processus alchimique en trois jours, en trois phases : une transmutation, une renaissance qui ne peut s’achever qu’à la Transfiguration complète selon l’Esprit, l’âme et le corps.
La quête du Graal est ancrée en l’homme car c’est la quête de l’originel, de la perfection. La perfection nous appelle, nous attire et veut nous élever jusqu’à elle. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Le pouvons-nous ?
Oui, mais cela n’est possible que dans la force de rayonnement originel, issue de la Nature divine, dans la liaison de la rose avec le Graal.
A toutes les époques, la même quête s’impose à nous : elle doit être sans cesse renouvelée.
Mais où trouver cette source d’eau vive, ce bassin ardent capable de redonner vie à la rose en nous ?
« Cette quête n’est point quête de choses terrestres, est-il écrit, mais doit être la recherche des grands secrets de Notre Seigneur et des mystères que le Haut Maître montrera ouvertement au bienheureux chevalier ; il lui découvrira les merveilles du saint Graal et lui fera voir ce que nul cœur mortel ne pourrait penser, ce qu’aucun homme terrestre ne pourrait prononcer. »
La quête du Graal commence là où ce monde finit, là où les convoitises du moi s’effacent, lorsque nous sommes prêts à nous perdre nous-mêmes pour faire place à l’Autre en nous, en un mot, lorsque nous sommes parvenus à la frontière. Car c’est à cette frontière que se tient le Graal.
Le but d’un enseignement gnostique – gnose signifiant connaissance libératrice – est de nous révéler la quête.
Cet enseignement nous dit, en premier lieu, que la perfection est déjà là, en nous, enfermée dans la Rose, qu’elle « est plus proche que les pieds et les mains » car comme dit la langue sacrée « le royaume de Dieu est en vous ».
Mais la Perfection demande de nous un processus, une reconstruction intérieure de l’âme divine cachée.
C’est pourquoi cet enseignement désire, en second lieu, nous relier aux forces de rayonnement de l’Esprit ; il veut nous faire boire à la coupe du Graal. Son but est de nous éviter de nous noyer dans la coupe empoisonnée des forces d’idéation de cette nature, de nous couper donc des multiples suggestions mentales et émotionnelles provenant des sphères de l’invisible.
C’est pourquoi la Gnose vient vers nous et ses envoyés nous disent par la bouche d’Hermès ; « Eveillez-vous de cette ivresse, vous âmes qui le pouvez et levez les yeux du cœur vers Celui qui veut être contemplé, l’Inouï, l’Ineffable, invisible aux yeux mais visible à l’intelligence et au cœur. »
Sans cesse, la rose nous parle de l’origine, de la patrie d’avant la chute, du mystère du Graal. C’est sa présence étrangère qui nous inquiète, nous trouble et fait de nous cet étranger assoiffé d’absolu, recherchant l’impossible dans cette nature.
Nous sommes en cette existence l’instrument d’une vie supérieure microcosmique divine, cachée dans la rose. Cet instrument, notre personnalité, c’est-à-dire nous-mêmes, est le point de départ mais non le but final qui est l’Esprit, le Graal.
C’est pourquoi notre tâche unique est de faire renaître de ce foyer de vie l’âme divine, l’intermédiaire entre l’Esprit et l’instrument, le corps, et de fêter ainsi les Noces alchymiques de l’Ame et de l’Esprit, prélude à la transfiguration du corps tout entier.
Si après mûre réflexion et examen de vous-même vous concevez clairement ce chemin et le désirez ardemment, la force contenue dans la rose se communiquera à tous vos fluides vitaux et poussera l’âme à la renaissance. Car toute naissance est précédée d’un désir, d’une conception.
Cette phase de préparation à la quête, elle s’appelle la phase johannite. Jean, précurseur de Jésus, est le nouveau pouvoir de la conscience qui donne le discernement. A l’aide de ce pouvoir, le candidat perce à travers les illusions de la nature et déjoue les pièges de la conscience-moi. Il aplanit le chemin à Celui qui doit venir.
Il y a dans notre microcosme douze forces magnétiques, douze foyers vitaux qui alimentent notre système. Ces douze courants se projettent dans notre tête par les douze paires de nerfs crâniens ; ils dirigent notre conscience actuelle.
Ces douze pouvoirs de conscience en nous sont les douze chevaliers de la quête. Cette quête conduit le candidat à travers des épreuves multiples et l’élève de la chevalerie terrestre à la chevalerie céleste. Ils seront donc totalement transformés, transmutés par la quête, avant que le treizième chevalier, Galaad, le parfait, l’Homme nouveau, n’apparaisse en vainqueur et ne parachève la quête. « 454 ans après la mort de Jésus-Christ, ce siège sera occupé ». Ce nombre contient le nombre 13 qui veut dire victoire sur la mort et renaissance.
C’est à la cour d’Arthur, autour de la Table Ronde, puissant champ de force relié aux forces de l’Eternité, que les chevaliers perçoivent la réalité du Graal. En d’autres termes, c’est dans le champ magnétique d’une Ecole des Mystères – dont le roi Arthur figure l’envoyé – que les chercheurs éprouvent la première liaison avec la force de rayonnement divine, avec le Graal.
La Rose s’ouvre, le premier mystère se dévoile.
Tous doivent à présent assimiler la Force reçue, la conquérir intérieurement et réaliser ainsi le « Royaume des cieux qui est au-dedans de vous ».
C’est cette première liaison dans le champ de force de l’Ecole des Mystères où vibre le Graal, qui permet véritablement la quête. Alors les chevaliers partent à la recherche du royaume mystérieux du Graal, ce mystérieux foyer de la Vie originelle à laquelle tous les hommes sont appelés.
Comment débute la quête ? A la découverte intérieure a succédé le démasquage, la mise à nu de notre état d’être, de nos mobiles et désirs cachés.
L’attouchement de la lumière du Graal dans le cœur provoque toujours un bouleversement, une tempête intérieure, ce sont les multiples combats et joutes. Les douze forces magnétiques actives en nous qui contrôlent notre conscience actuelle, entrent en conflit avec la nouvelle force de la Rose en nous, la nouvelle impulsion du Graal : notre équilibre naturel est perturbé. Le Graal sépare l’illusion de la réalité. Il nous ouvre les yeux et montre le chemin à suivre. Car lorsque la réalité de la vie nous touche, lorsque la force du Graal apparaît, toute obscurité, présomption, ignorance, tromperie, illusion doivent céder.
Avons-nous alors le courage de ne pas reculer devant cette mise à nu intérieure et de poursuivre la quête ?
Si le candidat traverse cette phase, il arrive au seuil du revirement fondamental, l’entrée dans l’Ecole des Mystères. Il fait alors une surprenante découverte : lorsqu’il ne désire plus rien pour lui-même et s’en remet entièrement aux forces de la Rose en lui, à l’Autre en lui et que cette Rose commence à vibrer dans le sanctuaire du cœur et déverse ses forces lumière dans le sang, il dépasse, plein de joie, les limitations de son être naturel ; son penser et son cœur se libèrent des liens de cette nature imparfaite.
Rien ne peut le retenir dans sa quête ni le mal, ni le bien, ni les sommets, ni les abîmes ; aucun paradis ne le tente, aucun enfer ne l’effraie. Il est devenu un étranger, un pur. Sa vie acquiert alors un sens réel et profond. Il s’est mis au service de « l’Autre en lui ».
Alors la liaison originelle s’intensifie dans le candidat. La rose du cœur s’ouvre toujours plus ; la Force lumière y plongera, se mêlera au sang et percera jusqu’au sanctuaire de la tête, allumant dans l’hypophyse, la flamme d’une conscience nouvelle, une connaissance qui est de Dieu. Cette lumière sera un guide sur son chemin.
Alors seulement peut commencer la véritable quête du Graal, c’est-à-dire l’élaboration de la coupe du Graal, du vase sacré dans l’être propre du candidat.
A partir de la Lumière originelle à nouveau active dans le sang, les pures substances éthériques, les douze nouveaux éthers provenant de la nature originelle vont faire de l’homme un pur réceptacle de la force divine.
Anatomiquement, cette coupe du Graal peut être délimitée par trois circuits de plexus : celui du larynx, celui des poumons et celui du cœur. La partie supérieure de la coupe correspond au système du larynx, la tige du calice est dressée dans les poumons et le pied de la coupe est dans le système cardiaque. La possibilité de rétablir la coupe nuptiale est donc présente en chaque être humain.
Joseph d’Arimathie est celui qui doit élever le Graal pour y recueillir le sang de Christ. Ne voyez pas en Joseph d’Arimathie une individualité historique mais la personnification de tout homme qui entreprend effectivement le chemin et peut accorder son cœur et sa conscience, son être tout entier, aux rayonnements du feu divin.
Car ce feu divin qui descend alors dans la coupe intérieure du Graal pour purifier, épurer, renouveler tout le microcosme de l’homme, effacer le karma, c’est le sang de Christ, sa Force astrale, « San Gréal », qui réalise alors, avec nous, une nouvelle alliance.
L’œuvre de l’homme, c’est-à-dire son être renouvelé, ne doit pas éclater en morceaux au contact du feu sacré.
Ainsi chacun reçoit, durant sa vie, la possibilité de reconstruire son être d’éternité, de maçonner son nouveau temple, s’il désire véritablement échapper à la fatalité du cycle des naissances et des morts.
Du Royaume éternel de la Lumière, une force vient vers nous. Elle vient réaliser en nous ce que nul être mortel ne peut faire.
Cette force est à chaque époque rendue vivante et active, pour nous, dans nos domaines terrestres, par les envoyés de la Gnose, les serviteurs du Graal. Il y eut toujours, dans toutes les écoles gnostiques, des serviteurs du Graal qui gardèrent ouvert le chemin du retour, afin que la réalité de la délivrance puisse être perçue par les chercheurs arrivés aux confins de leur désert intérieur.
Pour eux un pont est sans cesse jeté par-dessus la réalité brisée de notre ordre du monde dualisé, jusque dans le Royaume immuable des Fils de la Lumière.
Il existe un champ de force, un pont vibratoire où les rayonnements du domaine originel de vie, les forces vives du monde de l’âme vivante sont recueillis et transmutés en une vibration assimilable par nos systèmes humains.
Ainsi le chercheur peut se relier aux radiations de l’Eternité et parvenir à la renaissance, à la transfiguration.
Dans une telle Ecole, un tel Corps vivant, le Graal est dressé et vibre. Et il est dit au candidat qui a éveillé la rose : « Dieu a fait descendre un grand cratère, empli des forces de l’Esprit et envoyé un messager pour annoncer au cœur des hommes : immergez-vous dans ce cratère, vous âmes qui le pouvez ; vous qui espérez, avec foi et confiance, vous élever vers celui qui a fait descendre ce vase, vous qui savez à quelle fin vous avez été créées. » Et, ajoute Hermès Trismégiste : « Tous ceux qui prêtèrent l’oreille à cet avertissement et se purifièrent en s’immergeant dans les forces de l’Esprit eurent part à la Gnose, la vivante connaissance de Dieu, et recevant l’Esprit, devinrent des hommes parfaits. »
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2 réflexions sur « LE GRAAL ET LA ROSE »
C’est mots sont pour moi qui les découvre comme certaines évidences, c’est presque vrai c’est juste à côté mais si loint.
Bonjour,
Si vous voulez dire que vous ne vous sentez pas proche de ces idées, il est vrai que le Soleil central a 49 rayons, donc 49 types d’êtres humains et 49 chemins différents à parcourir pour effectuer le chemin de retour. Mais le but est le même pour tous, retrouver le domaine originel, le Royaume de Dieu.
Ou bien si vous pensez que ce chemin n’est pas pour vous car vous le sentez loin de vous, ce n’est pas le cas car chacun possède en son cœur le plan de retour à l’état latent. Une énergie divine baigne notre monde qui provoque l’éveil de la Rose du cœur et le désir de la manifestation de ce plan.
Bonne route