LA TOISON D’OR

LA TOISON D’OR

 

                                      Les Mythes sont le langage par lequel l’Enseignement Universel peut se manifester à travers les âges. S’agissant de vérités éternelles, quelle que soit la langue dans laquelle ils ont été écrits, ils nous parlent directement et nous enjoignent de suivre l’injonction de Christ : « Soyez mes imitateurs ».

Et comme le disait Mircea Eliade :

« On ne devient homme véritable qu’en se conformant à l’enseignement des Mythes, en imitant les Dieux ».

Ce chemin intérieur que chaque être humain est invité à suivre, Jason nous l’a montré dans son voyage avec ses compagnons les Argonautes en allant quérir la Toison d’Or.

                                      L’homme inconsciemment souffre de la honte d’être parvenu à l’état animal, d’avoir rompu avec l’état divin originel. Il essaie de compenser cette souffrance par une vie de satisfactions matérielles qui ne sont que des pis-aller. Car comme le dit la sagesse populaire, « l’argent ne fait pas le bonheur », et des milliardaires comme Howard Hughes, par exemple, ont eu une vie de grande souffrance morale.

                                      Le refoulement est la réaction de loin la plus fréquente car l’amour-propre veut que chaque homme se cache ses vrais motifs souvent inavouables et qu’il se pare de motifs pleins d’une sublimité mensongère.

Une recherche spirituelle sincère est l’aveu du mensonge et par là même sa dissolution. Si les motifs sont faussés, les actions qu’ils entrainent le sont aussi et toute la vie humaine en souffre.

C’est de cette souffrance et de la nécessité de la surmonter que parlent les Mythes. 

                              Le mythe créateur est présent dans toutes les cultures. Il parle d’un Dieu, cause sans cause de toutes choses. Cette cause première restera toujours un mystère pour l’homme, et lorsqu’elle cherche à communiquer avec lui, il ne peut que déformer son langage en des images conformes à sa nature, des symboles, des mythes.

Et à travers ces images, Dieu demande à l’homme de s’apprêter à partir pour un grand voyage intérieur, il lui confie des armes qui sont ses capacités à accomplir sa quête alors que les démons qui vont tenter d’entraver sa marche sont la face noire de son être.

                                      Au début de son histoire, l’humanité vivait au Paradis. Les Grecs lui ont donné le nom de Thèbes, la ville glorieuse. Son roi était Athamas, Adam. Il fut le point de départ d’une nouvelle humanité après le déluge, le début d’un nouveau jour de manifestation.

Athamas, le Soleil/Esprit, et Néphélé, la Lune/Ame, donnent naissance au premier couple : Phrixos et Hellé. Cet être originel androgyne va devoir se séparer sous l’influence d’Ino, la deuxième épouse d’Athamas qui représente l’influence « maligne » qui pousse l’être originel a entreprendre son voyage vers le monde matériel, le monde de la dualité.

Phrixos vient de phrix, qui signifie « frémissement de l’eau ». Cet épisode du Mythe correspond à ce que la science appelle le Big Bang : le frémissement de la Materia Prima, la matière primordiale qui commence à s’agiter sous l’impulsion de l’Esprit.

                                      Ino ayant convaincu son époux qu’il devait les faire disparaître, Phrixos et Hellé s’enfuient, aidés en cela par un Bélier du nom de Chrisomelle, ou Pomme d’Or, et revêtu d’une Toison d’Or. Ce nom nous rappelle le Jardin des Hespérides et ses Pommes d’Or qui symbolisent la sagesse divine. Il est le fils de Poséidon et de la Nymphe Théophane, nom qui signifie « naissance de la divinité sous forme humaine ». Il est également la somme des quatre éléments : le feu (l’or), l’air (il vole), l’eau (fils de Poséidon roi de l’Océan, il est représenté comme une nef) et la matière (corps physique).

Tous ces éléments nous indiquent que ce Bélier représente l’aspect divin qui gît en chaque être humain et qui l’accompagne dans son pèlerinage. En effet Dieu ne laisse pas périr l’œuvre de ses mains et il est toujours à nos côtés, prêt à répondre à cette profonde vérité : « aide-toi et le Ciel t’aidera » !

                                      Nous citons ici un texte de l’alchimiste Fictuld :

« Adam ayant chuté, Dieu lui laissa, dans sa prévoyance et sa miséricorde, malgré la malédiction répandue sur les choses de la Terre, un remède resté présent au cœur des végétaux et des minéraux, une médecine propre à assurer la santé des hommes, à les prémunir contre leurs passions, à guérir la Nature. »

                                      Cette médecine, les RoseCroix l’appellent la Rose, cette étincelle de vie qui gît, souvent à l’état latent, dans le cœur de chaque homme. Nous verrons que la mission que doit remplir Jason dans sa quête de la Toison d’Or est l’éveil de ce bouton de rose, l’éveil de l’Ame divine.

D’autre part, le Bélier est le premier signe du Zodiaque, marquant le commencement d’un nouveau jour de manifestation, la source primordiale d’où découlent toutes les manifestations de l’Esprit et de la Matière.

                                      Phrixos et Hellé s’envolent donc sur le dos du Bélier à la Toison d’Or. Hellé, l’aspect de la matière, rejoint son élément en tombant à la mer, lieu à qui l’on donnera le nom de l’Hellespont (aujourd’hui le détroit des Dardanelles). Phrixos continue son voyage et arrive en Colchide.

Il sacrifie alors le Bélier d’Or à Zeus et suspend sa Toison à un chêne sacré.

C’est le sacrifice de l’agneau divin, de Christ qui accompagne l’homme dans son pèlerinage.

Ce passage de Thèbes à la Colchide est celui d’une terre lumineuse qui a perdu son aspect solaire pour devenir saturnienne, c’est l’entrée dans le monde de l’espace temps. La Colchide est la vallée de larmes, la terre de la chute. Mais comme le jardin d’Eden, elle possède son arbre de la connaissance, le chêne auquel est suspendue la Toison d’Or.

                                      Les mythes sont souvent reliés à des lieux, des faits historiques. Ainsi la Colchide était-elle une terre renfermant de nombreux minerais, et en particulier de l’or. Ses habitants le recueillaient dans les rivières en utilisant des peaux de mouton dont les poils retenaient les parcelles d’or (Strabon, géographe greco-latin du 1er Siècle).

                                      Le roi de Colchide, Aiétès, donne une de ses filles en mariage à Phrixos, puis le tue et s’empare de la Toison d’Or qu’il fait garder par un Dragon.

Cet épisode retrace la séparation entre les Fils de la Lumière et les Fils des Ténèbres : au cours de cette plongée dans la matière, certains, dont nous sommes les descendants, ont laissé le côté animal prendre la direction de leur microcosme en la personne de l’être aural, le roi terrestre (Narcisse). Cela entraîna une séparation d’avec l’Esprit originel et l’extinction de l’Ame, figurée par la dépouille du Bélier.

L’homme vit des forces naturelles et karmiques dont le siège est le sanctuaire du bassin. Elles sont représentées par le Dragon qu’il faudra un jour affronter comme le fit Saint Georges souvent montré en train de le terrasser.

                                      Le prologue de l’histoire, même s’il s’est déroulé, puis a été raconté il y a fort longtemps, nous amène à la situation de l’humanité d’aujourd’hui. En effet, nous sommes toujours dans la même situation : nous vivons une vie d’animal doué de raison, dominée par le pouvoir de l’ego, le roi Aiétès. Nous sommes coupés du règne divin car l’intermédiaire, l’Ame, la Toison d’Or, est sinon morte, du moins endormie. Et c’est grâce à la troisième partie de notre être, le corps, la personnalité, que nous pourrons effectuer le voyage intérieur aboutissant à la renaissance de l’Ame et à sa rencontre avec l’Esprit.

                                      Et dans le Mythe, c’est Jason qui va vivre cette quête avec un certain nombre de compagnons qui sont autant d’indications sur le chemin.

                                      Jason est fils d’Eson, roi d’Iolchos en Thessalie. Le frère de celui-ci, Pélias, lui ravit le trône. A la mort de son père, Jason part réclamer son royaume. Mais Pélias, pour l’éloigner, le charge d’aller conquérir la Toison d’Or.

                                      Pour retrouver son rang royal, Jason doit d’abord éveiller son âme. Il doit donc partir pour ramener la Toison d’Or. Et pour cela il va regrouper autour de lui l’élite de la Grèce : Heraklès, Castor et Pollux, Orphée… vont se joindre à lui. Certains sont des Bienheureux, fils de Zeus, les autres des Héros.

Nous-mêmes avons été dépossédés de notre royauté et nous devons nous mettre en marche dans cette quête du Graal, de la Toison d’Or, de l’Esprit Divin. Pour cela, de tous temps et en tous lieux, sont apparues des Ecoles des Mystères qui regroupent des envoyés, des membres de la Fraternité des Ames Libérées et des Héros, des êtres humains qui ont épuisé les possibilités qu’offre ce monde et qui ont décidé de se lancer dans cette grande aventure.

Une Ecole Spirituelle est souvent représentée par une arche (Nabuchanedzar-Matrix) et celle qu’ils vont construire pour effectuer leur périple s’appelle Argo, mot qui signifie blanc, lumineux. Ses passagers porteront le nom d’Argonautes. Ce vaisseau est fait d’un chêne, arbre sacré, au pied duquel poussait un rosier.

Il est construit sous la direction de Pallas Athéna, l’inspiration intuitive. En effet ce processus intérieur n’est pas causé par quelque idée particulièrement intelligente ou mystique manifestée par un écrivain ou un maître, mais par la ressouvenance d’un état maintenant disparu. Et si le travail au sein d’un groupe s’avère une aide nécessaire, il s’agit de manifester une réalité qui est déjà présente en nous, même si ce n’est qu’à l’état latent.

                                      Selon Guillaume Fillastre, l’arche est la Vierge Marie. Ceci est à rapprocher de l’enseignement des Cathares qui ne reconnaissaient pas l’adoration de la Vierge Marie, mais elle était pour eux l’Eglise qui enfante Jésus, l’Ame divine.

Pallas Athéna porte un bouclier luisant qui est le miroir de la vérité et qui permet de se connaître soi-même, suivant l’inscription sur le Temple de Delphes :

« Homme, connais-toi toi-même, et tu connaîtras le Monde et les Dieux » 

Tout évoque la pureté nécessaire pour accomplir cette mission qui constitue la seule raison de notre venue sur Terre.

                                      Le vaisseau a 50 rames, montrant ainsi le but de l’expédition : réaliser l’homme quintuple, l’homme Christ. Et il est mené par 54 marins : 5+4 = 9, le chiffre de l’humanité.

Chaque Argonaute représente un aspect de la personnalité, bon ou mauvais.

Par exemple, Mopsos est le Devin, le don de prophétie : Il s’agit de se confier à l’intuition, laisser parler son cœur.

Idas ne croît que dans les vertus militaires, il privilégie l’action à la réflexion. Dans son aspect positif, il représente l’acte, élément fondamental pour une réalisation durable car « tel état de conscience, tel état de vie ».

Erythos est la débrouillardise, la faculté de faire face aux différents obstacles qui se dresseront sur le chemin.

Aïthalidès, le fils d’Hermès, possède une mémoire inaltérable, l’action de la ressouvenance qui est un guide.

Echion dont le nom évoque un serpent figure la Kundalini, la force qui agit le long de la colonne vertébrale et qui joue un rôle fondamental dans le processus de transfiguration.

Les Dioscures, les 2 frères Castor et Pollux, représentent la dualité homme et dieu, ange et bête. En effet l’un est fils de dieu et l’autre humain.

Augias dont les écuries seront nettoyées par Heraklès qui détournera pour cela une rivière : la purification du sanctuaire du bassin par la lumière divine qui provient d’un cœur ouvert.

Enfin, Orphée dont le nom vient de la racine AOR qui signifie à la fois lumière et être humain, corps lumineux et corps de chair : un autre exemple de la dualité présente en l’homme.

                                      Zeus, ou Dieu, voyant que l’homme n’avait pas le bateau nécessaire pour traverser la mer du monde, lui envoya le mouton d’or qui est le mouton de la grâce et de la miséricorde, l’agneau de Dieu qui est son fils, Christ, qui efface les péchés du monde. Mais Jason, l’homme qui a perdu la grâce, doit construire ce vaisseau qui représente à la fois une Ecole des Mystères et son propre cheminement intérieur. Cette nef porte le pécheur sur la mer du monde, sur les ondes de la tribulation. Et s’il se tient ferme et persévérant, il passera la mer de ce monde mortel pour arriver en Colchide. Mais s’il manque de charité et de foi, l’activité de la Rose du cœur, et s’il n’accomplit pas les bonnes œuvres, il peut trébucher, tomber et se noyer dans l’abîme comme Hellé.

                                      Jason porte un manteau, ouvrage de Pallas qui le lui avait donné lorsqu’elle travaillait au vaisseau Argo. Il est une hypostase de la Toison d’Or, l’âme naturelle qui s’éveille et il indique le travail en train de se faire.

Il est rouge, aux bords pourpres, l’âme sang qui gouverne notre vie animale. On y voit le dieu Mars, celui de l’individualité et qui gouverne le sang par l’élément fer qui y est présent. Des scènes de combat l’accompagnent.

Mais on y trouve aussi les Cyclopes fabriquant un foudre de Zeus dont l’éclat éblouissait les yeux, le travail de l’Esprit. On y voit une ville, Thèbes, dont on vient de jeter les fondements: c’est Christianopolis, ou la Jérusalem Céleste, la destination finale.

Et enfin Phrixus prêtant l’oreille au Bélier qui semble lui adresser la parole :

La voix de l’âme commence à se manifester dans le candidat aux mystères qui s’est mis en chemin.

                                      Les Argonautes partent sur la mer aux mille dangers, mais ils sont protégés tout  au long de leur périple par Apollon, l’Esprit, et Héra, la Déesse Mère, la Matière. Le symbole « divinité », figuration de l’idéal d’harmonie et de joie, est l’image mythique du sens de la vie. A partir de ce symbole central se sont formés tous les autres concernant le combat héroïque, combat destiné à réparer l’erreur fondamentale que nous avons commise, le péché d’orgueil qui nous a amené à la rupture avec notre Père-Mère originel.

                                      Ils sont en particulier confrontés à Charybde et Scylla : si l’on évite le rocher, on risque d’être englouti dans le tourbillon.

L’on peut voir Charybde comme la banalisation, le gouffre dans lequel est précipité celui qui a vendu son âme au diable, c’est à dire celui qui a consacré sa vie exclusivement à la satisfaction des désirs terrestres, ce qui entraîne l’extinction de l’âme.

Scylla est au contraire l’exaltation des désirs spirituels au moyen de l’intellect.

Tentative vouée à l’échec car la sphère de travail de l’intellect est limitée au monde.

Pour passer ces obstacles en toute sécurité, il faut suivre la lumière qui se manifeste grâce à l’ouverture du cœur.

                                      Ils abordent ensuite l’île de Lemnos où les héros sont invités à rester. Tous les plaisirs que la vie peut procurer leur sont offerts. Hypsipyle, la reine, offre à Jason le sceptre royal. Il s’agit là d’une tentative de la nature de récupérer ceux qui désirent se libérer de son emprise.

Mais Hercule les réunit et leur dit :

« Attendez-vous qu’un dieu sensible à nos vœux nous apporte ici la Toison d’Or pour prix de notre oisiveté ? »

Car rien de réellement important ne s’obtient sans effort ; et, honteux, ayant résisté à la tentation dans le désert, les Argonautes décident de reprendre leur route.

Hypsipyle, la reine de Lemnos, dit à Jason :

« Je le vois, jamais cet empire n’aura pour toi de charme » (Bouddha)

Et Jason lui répond :

« Jamais on ne me verra renoncer à ma patrie. Tout mon bonheur serait de l’habiter un jour en paix après avoir heureusement achevé cette expédition. »

                                      Ils rencontrent ensuite Phinée. Il a tué ses enfants d’un premier lit pour plaire à sa seconde femme et les Dieux l’ont puni pour ce crime en le rendant aveugle.

Phinée est  Adam qui, pour être agréable à Eve, nous a tous mis à mort, c’est à dire que pour acquérir l’intelligence, la connaissance du bien et du mal, l’homme a été précipité dans le monde de l’espace temps soumis à la mort.

Il est devenu aveugle car par cela il a perdu la lumière de la Grâce divine.

Les Harpies, démons ailés qui lui volent la nourriture ou la transforment en pourriture, sont nos propres démons.

Jason décide de venir en aide au vieillard et les fils de Borée poursuivent les Harpies. Mais lorsqu’ils les rattrapent, une voix venue du ciel leur dit :

« Laissez les chiens de Zeus ».

En effet, il ne s’agit pas de détruire mais de maîtriser les forces naturelles, de les mettre au service de l’homme au lieu qu’il soit réduit à l’esclavage. Il faut résister aux tentations des Harpies, aux tribulations, exercer sa vertu et acquérir des mérites.

                                      En récompense du service rendu, Phinée donne à Jason une Colombe pour le guider. En se laissant guider par elle, par l’Esprit Saint qui se manifeste en lui, l’Argo pourra traverser les Symplégades, des rochers qui s’entrechoquaient, détruisant les bateaux. Pour passer la porte étroite, alors que large est la porte de la perdition, il faut trouver sa voie du milieu en suivant l’inspiration divine.

Alors leur apparaît Apollon, le soleil intérieur de l’Esprit qui se lève. Les Argonautes jurent de se secourir mutuellement et de conserver parmi eux une concorde éternelle. L’on assiste à la création d’une véritable Ecclésia, une Communauté de l’Esprit composée de l’ensemble des participants du plus petit au plus grand, tous ceux qui cheminent ensemble sur « Le Chemin pour aller à Christ », pour reprendre le titre d’un ouvrage de Jacob Böhme.

                                      Et c’est cette Communauté qui arrive en Colchide pour affronter Aiétès, l’être aural ou l’ensemble des forces naturelles qui nous gouverne et nous lie à la Terre.

Il consent à donner la Toison d’Or à Jason à condition que celui-ci accomplisse un certain nombre d’épreuves. Cette âme divine qui constitue notre héritage ne se donne pas mais doit se conquérir par un effort constant, une orientation de vie toujours dirigée sur ce noble but.

                                      Jason devra franchir 7 enceintes et 3 portes d’airain qui sont les 7 Chakras ou centres de force disposés le long de notre colonne vertébrale et les 3 centres de conscience : la tête, le cœur et le bassin. Car le processus spirituel de la transfiguration, la naissance de l’âme et sa rencontre avec l’Esprit divin, est un combat qui se vit en chaque être humain, corporellement.

Puis il devra descendre dans un sombre souterrain pour y chercher 2 taureaux aux pieds d’airain et dont la bouche vomit des flammes.  Jason doit les atteler pour labourer 4 arpents de terre âpre et sauvage sur le Champ de Mars.

Tout cet épisode est une allégorie de la maîtrise des forces naturelles que le candidat aux mystères doit réaliser : Le Taureau symbolise la descente dans le monde de la multiplicité (démembrement du taureau de Mithra), le chiffre quatre est le résultat de cette action car l’univers est constitué de 4 règnes : minéral, végétal, animal et humain. Le premier Taureau est la chair, il concerne les tentations du corps qui le séparent de l’âme, le second est le monde avec ses honneurs et sa gloire, tentations de l’âme qui le séparent du corps (tentation du Christ à qui le démon promet tous les royaumes du monde et leur gloire).

Enfin Mars est le seigneur de la guerre, l’action brutale de l’égocentricité.

On retrouve ce symbole avec le combat contre le Dragon qui garde une fontaine consacrée à Mars, le dragon des forces karmiques siégeant dans le sanctuaire du bassin.

Enfin Jason sème les dents du Dragon et aussitôt apparaissent des hommes d’armes qu’il doit combattre: Il jette alors une pierre au milieu d’eux et ils s’entretuent. Ce sont les formes pensées, les constructions mentales et astrales que nous avons créées et qui sont des êtres qui nous gouvernent et nous parasitent. Lorsque la Lumière pénètre nos Ténèbres intérieures, elle met au jour quantité d’êtres habitant notre microcosme, et qui ont été créés et vivifiés au cours de maintes incarnations. Pour les vaincre, Jason utilise la pierre angulaire Jésus Christ, la force primordiale qui a pénétré en nous par la porte du cœur.

                                      Mais dans cette épreuve, Jason va bénéficier de l’aide de Médée, la fille du roi Aiétès.

Son nom a la même racine que médecine, elle est la personnalité qui a pris conscience de son rôle et qui se met au service du Saint Travail. Médée a une connaissance parfaite des choses de la nature et elle va s’en servir pour procurer à Jason les onguents et breuvages nécessaires pour vaincre ses propres démons qui sont des bêtes monstrueuses fort nuisibles par leur venin, leurs flammes, leurs dents : ce sont l’envie, la critique, la colère, l’orgueil…, toutes ces caractéristiques de l’homme qui font de notre planète un enfer.

                                      Car Médée ressent de l’amour pour Jason dès qu’elle le voit. La personnalité est émue par la manifestation de l’être divin et elle veut se mettre à son service.

Guillaume Fillastre, le deuxième chancelier de l’ordre de la Toison d’or, créé en 1430 par le Duc de Bourgogne Philippe le Bon, dit que le Dragon et les Taureaux représentent Lucifer et ses ministres. Et Médée est la chair humaine, l’humanité qui s’en est enamourée de Jason/Jésus fils de Dieu.

                                      Médée prépare une liqueur tirée d’une fleur qui pousse à l’endroit où le sang de Prométhée s’était pour la première fois répandu sur la Terre (Christ). La racine est noire et offre l’image d’un morceau de chair et la fleur est couleur d’or. Elle rend invulnérable, donne force et courage.

Prométhée est celui qui a volé le feu divin pour le donner aux hommes et sa fleur symbolise tout le processus de spiritualisation depuis le noir des ténèbres humaines jusqu’à l’or du Divin.

La liqueur va apaiser les flammes qui jaillissent du Dragon et des Taureaux, apaiser le feu des désirs qui dévorent les hommes. L’onguent dont Jason se oint le corps, lui, représente le nouveau corps éthérique en formation, le manteau d’or des Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix, ou l’armure du chevalier qui va le protéger des attaques.

                                      Ainsi Jason peut se saisir de la Toison d’Or sur l’arbre de la Croix. L’arbre plonge ses racines profondément en terre puis se lance à l’assaut du ciel, la monade, après son périple dans le monde et la réalisation de son Ame divine, peut prendre le chemin de retour vers le Royaume de l’origine.

                                      Nous venons de vivre un voyage qui s’est déroulé il y a plusieurs milliers d’années, mais qui est toujours d’actualité. En effet, comme le disait Saint Augustin à propos du Christianisme, celui-ci n’est pas né avec Jésus Christ mais nous accompagne depuis l’aube du genre humain.

De même, aujourd’hui comme il y a 3000 ans, nous avons toujours le même travail à faire : au cours de son périple dans le monde de la matière, l’homme divin originel s’est peu à peu coupé de son Créateur, oubliant sa vraie nature de fils de Dieu. L’Ame divine s’est éteinte et l’Esprit nous a abandonné.

                                      Et lorsque nous venons au monde pour une nouvelle incarnation, c’est dans l’unique but de reconstruire la stature originelle Esprit, Ame et Corps qui doit nous permettre de travailler dans le champ de vie divin dans le sens d’un développement permanent de la conscience.

                                      Et tous ces individus qui ont un travail intérieur à effectuer, un processus de transfiguration, se regroupent pour construire une arche, un vaisseau destiné à franchir le fleuve de la limite.

Ainsi régulièrement apparaissent des Ecoles spirituelles, des religions au sens du latin « relegere » qui signifie ramasser, moissonner.

APPENDICES

Toison d’Or et Alchimie

                                      Selon certains auteurs, la Toison d’Or était un parchemin qui contenait la manière de fabriquer l’or par l’Alchimie.

Pour fabriquer de l’or, il faut d’abord en posséder. C’est grâce à cette étincelle de vie que chacun possède en soi qu’il est possible de construire une âme divine qui permet de transformer le plomb de la nature en or de l’Esprit.

Il est dit que la toison s’est transformée en or par le seul fait d’avoir été touchée par Mercure. En Alchimie, l’or est obtenu par le contact du Mercure qui symbolise l’Ame, l’or étant l’Esprit.

                                      La Toison figure l’or liquide, astral, tiré des choses de la nature supérieure. Ame et semence, substance solaire émanée de la bonté de Dieu, elle donne vie aux choses, leur permet de croître et possède la faculté de pénétrer les corps les plus denses. Elle est l’oriflamme ou flamme d’or qui peut servir de linceul propre à une nouvelle naissance.

                                      Pallas possédait un bouclier merveilleux, l’égide, recouvert de la peau de la chèvre Amalthée. Cette toison est la manifestation de l’âme renée qui rayonne depuis le cœur. Le disciple se protège grâce à ce bouclier de la foi, il se place sous l’égide de l’âme lumineuse afin de lui soumettre la direction de sa vie.

                                      La terre préparée dans l’athanor, c’est la Colchide. Bien préparée, elle laisse s’envoler la Toison d’Or. Selon Philalèthe, le chêne est la matière non préparée, le Chaos des Sages dans lequel tous les secrets cachés se trouvent en puissance et que l’artiste habile ne tarde pas à rendre actifs. Le vieux chêne hermétique sert de mère au Mercure secret.

                                      Le bélier se dit Aries en latin, mot qui vient de Aris qui signifie autel, sacrifice. C’est le sacrifice de l’agneau de Dieu qui envoie son fils unique pour sauver l’humanité. Sur un plan individuel, il représente la lumière qui pénètre dans nos ténèbres pour venir nous chercher.

Le bélier est l’alpha et l’oméga de l’œuvre dont il symbolise tant la matière mise en œuvre que l’état de médecine correspondant à la fin de l’opération.

L’ORDRE DE LA TOISON D’OR

                                      L’ordre de la Toison d’or a été institué en janvier 1430 par le Duc de Bourgogne Philippe le Bon à l’occasion de son mariage avec Isabelle de Portugal. A l’origine il comptait 24 chevaliers, puis 31 l’année suivante.

Une intention politique a pu être à la base de cet ordre car les plus grands seigneurs d’Europe se sont ainsi retrouvés sous l’autorité du Duc de Bourgogne, Grand Maître de l’Ordre, charge qui fut déclarée héréditaire.

                                      Mais l’intention de Philippe le Bon était aussi de créer un ordre pouvant servir de modèle à toute chevalerie véritable, l’idéal des Chevaliers du Soleil. Selon Anaxagoras (18è siècle), cet ordre était proche de l’idéal des Frères de la Rose-Croix. Son but était la gloire de Dieu et la défense de la religion chrétienne, comme le rappelle l’inscription sur son tombeau :

« Pour maintenir l’Eglise qui est de Dieu maison,

J’ai mis sus le noble ordre, qu’on nomme la Toison ».

                                      Le collier que portaient les chevaliers était une chaîne d’or composée d’une succession de briquets alternant avec des pierres environnées de flammes, avec en pendentif une dépouille de bélier d’or.

La pierre à feu est le Soufre chaud et sec, et l’Acier le Mercure froid et humide : l’Esprit et l’Ame.

                                      Le fils de Philippe le Bon, Charles le Téméraire, n’ayant pas de descendance mâle, la souveraineté de l’ordre passe à la maison d’Autriche à la suite du mariage de Marie, fille de Charles, avec l’archiduc Maximilien d’Autriche en 1477. Le trésor de l’Ordre se trouve aujourd’hui à Vienne.

Quand l’Espagne passa à la Maison d’Autriche en 1516, Charles Quint se réserva le titre honorifique de Duc de Bourgogne. En 1700, à la mort de Charles II, dernier Habsbourg d’Espagne et descendant de Charles Quint, son successeur Philippe d’Anjou voulut conserver la grande maîtrise de l’Ordre.

Depuis, il existe deux ordres de la Toison d’Or.

                                      Philippe le Bon a chargé le deuxième chancelier de l’Ordre, l’évêque Guillaume Fillastre, de mettre par écrit la base de l’Ordre.

C’est ainsi qu’il a écrit un traité de la Toison d’Or particulièrement intéressant car il fait le lien entre Jason et Jésus, Argo la Vierge Marie, Médée l’humanité etc…

Ce travail comparatif était révolutionnaire pour l’époque. En effet il fut reproché à Philippe le Bon d’avoir choisi une inspiration païenne pour son ordre de chevalerie chrétienne. C’est pourquoi il fut fait référence par la suite également à la Toison de Gédéon.

LA TOISON DE GEDEON

                              Le premier chancelier de l’ordre de la Toison d’Or, Jean Germain, évêque de Nevers, proposa, lors du premier chapitre tenu à Lille en 1431, le patronage de Gédéon. Le Duc Philippe avait opté pour Jason. En réalité, ce fut le double patronage qui fut adopté et conservé. Le choix de Gédéon restituait la Toison d’Or à la source du Christianisme.

La vertu attribuée à Jason est la magnanimité. Celle de Gédéon est la Prudence ou Sagesse, la première des quatre vertus cardinales (Force, Justice et Tempérance).

La Sagesse comprend trois éléments : Mémoire, Intelligence et Prévoyance qui correspondent au Passé, Présent et Avenir.

Un ange désigne Gédéon, le dernier du clan le plus pauvre, comme sauveur d’Israël. Le peuple d’Israël était dans la misère car « il n’a pas écouté la voix de Dieu ». En se coupant de Dieu, l’homme n’a plus d’avenir prospère, les fruits de la terre sont détruits avant même d’être produits. L’ange demande à Gédéon de détruire l’autel consacré à Baal et les idoles.

Gédéon demande un signe à Dieu : que la Toison soit humectée de la rosée céleste, que la grâce descende sur lui, vivifiant son Ame.

Puis il demande que la Toison reste sèche et que l’aire environnante soit humidifiée par la Rosée. Ce n’est que lorsque l’Ame est renée que le disciple peut redonner ce qu’il a reçu, répandre autour de lui les nourritures qui sont don de Dieu.

                                      Guillaume Fillastre dit de Gédéon qu’il fait ce qu’il enseigne et observe les règles qu’il commande de respecter. Ce qui peut s’exprimer par la formule : « tel état de conscience, tel état de vie ».

Mettre en accord ses pensées, ses paroles et ses actes, voilà une base de travail quotidien. 

LA CROIX DE SAINT ANDRE                             X

                              L’ordre de la Toison d’Or fut placé sous la protection de la Vierge (la Toison) et de Saint André.

André vient d’andreios qui signifie courageux, énergique, l’homme spirituel porteur de la Force du Très-Haut, comme Gédéon.

L’iconographie chrétienne l’a représenté crucifié sur une croix en forme de X.

C’est l’homme microcosmique écartelé, divisé et réduit à ses quatre éléments ou corps, pour être reconstruit sur un niveau supérieur d’existence. C’est ce qui vaut à l’apôtre André d’être le Saint Patron de tout vrai chevalier destiné à chercher sa liberté par le sacrifice de sa part naturelle.

C’est l’union du temporel et du spirituel, la mission du chevalier s’engageant à être le héraut et le défenseur de l’Eglise et qui met son épée et son courage au service de la Foi.

André se tient au milieu de la croix, la voie du milieu étant celle de l’homme spirituel.

La Bourgogne, région intermédiaire, région de passage, séparatrice et unificatrice, située au milieu, a donc choisi comme emblème la Croix de Saint André qui est devenue la Croix de Bourgogne.

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