LE DROIT CHEMIN

LE DROIT CHEMIN

                              Dans l’Evangile selon Jean, nous lisons cette injonction :

 « Rendez droit le chemin du Seigneur » (ch 1, 23)

Cette phrase peut s’entendre à différents niveaux, moral, spirituel et physique.

                              A l’origine est l’Unité. Une partie de cette unité est immobile, une autre est entrainée par un mouvement de création.

La Lumière de l’origine devient agitée, se densifie pour devenir Matière et aboutir au monde que nous connaissons.

A présent, nous devons effectuer le chemin inverse, transformer la matière en lumière.

Comment ? En suivant un droit chemin.

                              La droiture est au commencement, cette barre verticale qui représente le 1 de l’unité primordiale. La Lumière en provient et pour la manifester nous-mêmes, nous devons être à l’image de Dieu et réaliser cette droiture en nous.

                              Le Bushido, la Voie chevaleresque du Samouraï, dit :

« La rectitude est l’ossature qui assure la fermeté et permet de se tenir debout. Si l’on cultive la rectitude, le talent et le savoir sont secondaires. »

                              Si des aptitudes à la recherche et une certaine accumulation de connaissances sont utiles sur notre chemin de retour, l’essentiel est la rectitude, c’est-à-dire se tenir droit devant Dieu.

                              Lorsque nous vivons une vie chaotique, agitée, la lumière est bloquée et ne peut pénétrer en nous. Alors que si nous permettons aux atomes qui nous composent de cesser cette agitation et de s’aligner, la lumière pourra nous traverser comme dans un Cristal. Et c’est Christ qui permet cette réalisation.

                              L’homme passe sa vie non pas à chercher la lumière mais à l’empêcher d’entrer. Et c’est le poids de cette lumière sur nos épaules qui est la force de gravitation qui nous lie à la Terre. Mais en même temps, elle nous pousse vers le centre, le centre de l’Univers, Dieu, le centre de la Terre, Christ, et le centre de notre microcosme, l’Esprit Saint.

                              Tous les chemins mènent à Rome, le centre de la Terre ;

C’est notre destination naturelle si nous laissons faire la Nature dans ses différents degrés, elle qui connaît le plan de développement prévu pour la Création, et si, consciemment ou non, nous ne faisons pas obstacle.

                              Il y a un chemin à parcourir, donc un mouvement, pour arriver au centre immobile, la statique.

                              La vie est un éternel paradoxe : un chaos apparent cache une loi, et le contraire est vrai aussi. On peut, comme Mani, décrire un monde de ténèbres, une vallée de larmes. Ou, comme Hermès, voir dans le monde un champ d’expériences qui pousse à la maturation, au développement de l’être complet, Corps, Ame, Esprit.

                              Il en est de même pour le mouvement et la statique qui ont séparé deux courants dans le Bouddhisme Zen : les écoles évolutionnistes qui pensaient qu’il faut un long temps de maturation et les écoles subitistes qui disaient qu’il n’y a rien à faire, l’illumination arrivant subitement d’elle-même.

Mais les Grands Maîtres du Zen disaient que les deux étaient complémentaires, un long travail amenant à ce moment du choc, de l’illumination.

                              Ceci pour dire que statique et mouvement sont deux aspects du divin : sur notre chemin vers la transfiguration, nous nous basons sur cette force immuable présente en notre cœur.

                               Et ce centre peut être vu comme un trou noir où lumière et matière disparaissent de l’autre côté du miroir, dans un autre domaine de vie.

                              Nous connaissons tous la légende d’Achille et de son point faible : son talon. Le talon est associé à l’âme car il est la partie du corps qui permet à l’homme la station debout. Donc sans talon ou sans âme nous ne pouvons nous tenir droit devant Dieu.

                              On retrouve cette notion quand il est dit que le Fils se tient à la droite du Père. Il ne s’agit pas d’une indication spatiale mais d’une image du travail à réaliser.

                              Cette droiture est la marque du chevalier dans sa quête du Saint Graal. Comme nous le disions, elle a un aspect éthique dans un comportement de vie qui respecte les règles de morale les plus élevées comme celles données par Jésus lors du Sermon sur la Montagne.

Sur le plan spirituel, elle demande de ne pas tricher avec la mission qui nous a été confiée à notre naissance, respecter le droit de l’Homme qui est aussi un devoir : réaliser le plan divin présent en nous en suivant la voie verticale, sans louvoyer, suivre des chemins de traverse dont la seule fonction est d’éviter la confrontation avec notre réalité, l’ego.

                              Car, « Noblesse oblige » : nous sommes d’ascendance divine, comme Jason nous avons été destitués, et l’obligation morale et spirituelle est de retrouver le trône qui nous est promis.

                               Errer sans but clairement établi devant soi se dit « divaguer ». Ce mot a également le sens de folie car dans ce cas nous avons perdu l’esprit.

                              Suivre la ligne droite, la « Roseline » évoquée dans le roman Da Vinci Code, permet d’aligner les atomes qui nous composent pour permettre à la lumière de pénétrer en nous afin d’y accomplir son œuvre.

                              Se rectifier, c’est se réaliser, comme l’indique la fameuse formule des alchimistes : VITRIOL.

 Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultam Lapidem

Visite l’intérieur de la Terre et tu trouveras la pierre cachée.

Et nous avons chaque jour de multiples occasions d’opérer cette rectification afin de nous redresser devant Dieu.

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