L’universel des religions
Un rayonnement universel porte le plan d’évolution de tous les mondes. Il jaillit sans cesse du centre de Lumière d’où provient la Vie.
Cette source de Lumière, cette « pensée de Dieu », touche le mental des hommes, éveille l’amour dans leur cœur et les pousse à réaliser le Plan divin.
Cette Lumière est sans cesse détournée par l’ego des humains pour édifier des constructions aléatoires et dogmatiques. Mais son rayonnement finira à terme par ébranler toutes les structures et valeurs humaines figées.
La véritable Religion, universelle, tolérante, dispensatrice de Sagesse, de connaissance et d’amour rayonne son influence dans l’atmosphère dans le but d’éveiller la structure divine de l’homme.
Elle est Art, l’Art royal qui partant de cette liaison établie avec la Lumière originelle reconstruit librement l’homme nouveau.
Elle est aussi Science, la Science de la guérison sous l’égide de la Lumière, la régénération du monde et de l’humanité selon le plan que porte la Lumière.
Une telle religion est authentique.
Elle relie réellement l’homme à Dieu.
Mais une telle religion existe-t-elle ?
Pourquoi n’est-elle pas présente, omniprésente, faisant valoir sa primauté et son urgence pour l’évolution humaine ?
Ce que l’homme perçoit des religions actuellement présentes dans le monde ne répond pas à cette faim et cette soif d’absolu, de vérité, de justice, de fraternité qu’il porte au tréfonds de son être.
Ces religions se présentent sous des structures dogmatiques derrière lesquelles la force originelle semble s’être retirée. Elles sont devenues captives des ego humains.
Les vraies valeurs sont sans cesse recherchées, approchées … mais le mouvement du « monter-briller et décliner », la loi du « naître-croître et mourir » font qu’elles ne sont jamais atteintes.
Les religions sont captives des lois de ce monde, et c’est pourquoi, tout naturellement elles ne répondent plus à leur vocation qui consiste à relier l’homme à Dieu. Et par voie de conséquence, elles ne satisfont plus les hommes.
Comme une pierre jetée dans l’eau forme des ondes concentriques, des impulsions successives sont envoyées sur le monde depuis la source de Lumière diffusant le plan fondamental de la création.
Mais l’onde s’atténue en se propageant pour finalement se fondre dans la masse liquide. Il en est de même des religions. Chaque impulsion est reliée à la Source originelle, mais elle se perd ensuite progressivement dans le monde du mélange.
Une étude comparée des religions et des dogmes qu’elles ont générés ne pourra pas aboutir à faire jaillir l’universel. C’est pourquoi notre démarche sera de procéder comme l’artiste devant sa toile, à jeter des lignes, des formes, des couleurs, l’essentiel ou simplement un détail, de l’une ou l’autre religion, dans l’espoir que le tableau qui en résultera puisse parler à votre cœur.
L’homme occupe dans cette démarche un rôle et une place prépondérants. Car il dispose d’un point source qui peut animer, éclairer, donner forme et vie à ce tableau.
Lorsqu’un être humain se trouve dans ces dispositions, lorsqu’il vibre à une idée plus élevée que son propre champ de rayonnement, il devient un personnage central qui peut inverser le cours des évènements.
Nous dégagerons dans le panel des religions actuelles, les critères universels, porteurs de force hier comme aujourd’hui.
L’ISLAM
Commençons par l’Islam et le prophète Mahomet, qui est à l’origine d’une civilisation riche entre le 7ième et le 11ième siècle, s’étendant territorialement de l’Asie centrale aux Pyrénées, donc également sur une partie de la France actuelle, mais dont nos livres d’histoire parlent peu.
Il se désignait lui-même sous le nom de « Prophète illettré ». La Sagesse lui parvint sous forme de révélationsdans une grotte près de La Mecque. Ne voulant être rien d’autre qu’un homme – un transmetteur du message reçu – il décida de réciter le message aux membres de sa tribu. Le mot « Coran » signifie d’ailleurs « réciter ».
Un commerce florissant favorisait un échange de connaissances et des rencontres avec les autres cultures. A cette époque, chrétiens, musulmans, juifs, manichéens, zoroastriens se réunissaient fraternellement. Le brassage des cultures permettait une transmission du savoir des civilisations passées vers celle de l’Occident.
Cette ouverture au monde s’est réalisée sur la base de la mission confiée à l’homme par Dieu : être son lieutenant, son « calife » sur la Terre.
La Terre est un don divin. Il y a lieu de l’administrer sagement et de manifester par ses œuvres la splendeur de la dimension divine.
Chaque homme peut être un messager, un veilleur. Par son comportement et ses actes, il doit témoigner de sa mission et ainsi ouvrir la conscience de ceux qui sont prêts, tout en étant tolérant avec ceux qui, demeurant dans l’ignorance, ne sont pas responsables de leurs actes.
A l’aide de contes et de poèmes, les bergers arabes véhiculaient un enseignement spirituel de manière voilée, allégorique. Quand ils parlent d’amour, d’aucuns pensent aux relations terrestres, mais pour le mystique, ils évoquent le désir brûlant de Dieu. La personne aimée n’est pas quelqu’un d’autre, mais le tout autre en l’homme : l’Homme nouveau qui est à naître de la semence divine.
Nous ne citons pour exemple que la fin de l’histoire d’amour de Leïla et de Madjnoun du poète Nizami :
« Celui qui, étranger à ce monde, le parcourt sans repos comme la lune traverse la nuit, trouvera la paix.
L’homme est comme un éclair, aussitôt mort que né ;
il ne doit pas chercher ce qui dure dans la maison de la douleur.
Ne te repose pas ici-bas où tout ne fait que passer autour de toi, tu n’y gagneras que souffrance.
Si toutefois tu meurs de ton vivant et t’arraches à ce monde, qui est un démon sous le visage d’un ange, tu auras part à l’éternité.
Tu es toi-même ton destin, ta mort, ta vie… »
Le rôle de l’homme, sa responsabilité, la démarche individuelle sont ici pleinement mis en lumière. Et c’est le critère que nous retenons.
L’HINDOUISME
Poursuivons avec l’hindouisme et la Bhagavad-Gitâ, qui est un fil conducteur dans la civilisation indienne comparable au Nouveau Testament dans notre civilisation.
Il s’agit de l’aventure d’Arjuna, symbolisant l’âme humaine qui s’efforce de parvenir à la conscience et à la libération. Il est aidé dans son combat intérieur par Krishna, l’esprit divin qui descend et se manifeste.
Arjuna est prince, c’est-à-dire de sang royal, divin, mais il est tombé dans les rets de l’illusion . Nous citons :
« Tous les êtres naissent dans l’illusion, ballottés par les dualités du désir et de l’aversion. » verset 27
« Ephémères, joies et peines comme étés et hivers, vont et viennent. Elles ne sont dues qu’à la rencontre des sens avec la matière et il faut apprendre à les tolérer sans en être affecté. » versets 14 à 16
Le but de la doctrine est, comme dans les premiers courants de l’Hindouisme, les Védas et les Upanishads la recherche de l’Unité, alors que l’humanité vit dans la diversité et l’illusion.
Maya est le monde illusoire, limité. Brahman désigne le monde de l’absolu, de l’unité.
L’homme qui vit dans Maya est porteur d’une parcelle d’éternité, une étincelle de Brahman, appelée Atman.
L’homme est un point de jonction. Par ses choix de vie, par son comportement, il peut permettre à nouveau la fusion entre Atman et Brahman. De lui dépend la réussite de cette réunion avec Dieu.
Les maîtres de la Vérité ont perçu nettement deux natures très différentes : le monde de l’illusion caractérisé par l’impermanence et le monde du réel caractérisée par des valeurs d’éternité.
Ces natures sont présentes ici-bas et plus particulièrement en l’homme.
Comment se dégager de la nature de l’illusion, pour laisser s’exprimer la nature du réel ?
La voie s’appelle le Yoga : elle conduit à la délivrance de cette nature, à l’union avec le divin.
Les anciens maîtres utilisaient diverses images pour mettre en évidence la condition humaine du chercheur.
L’Atman est montré quelquefois comme un oiseau retenu par les rets d’un filet (l’existence terrestre) ; le Yoga est présenté comme un couteau, un outil grâce auquel le Sage parvient à trancher les liens qui l’emprisonnent.
L’Atman est représenté également comme le passager d’un char tiré par des chevaux et lancé à toute allure. Il souffre des conditions de ce voyage qu’il n’a pas souhaité et dont il n’est pas responsable.
Le char représente le corps, le cocher l’âme, les chevaux sont les désirs, les convoitises qui sans cesse nous tirent, nous attirent pour assouvir les sens et les rênes censés dompter l’attelage correspondent au mental.
Le Yoga doit permettre au cocher (âme) de prendre conscience de la situation de son passager (l’atman, l’esprit qui souffre dans l’ego), de sorte que le désir lui vienne d’arrêter la course du char (désir du salut), en maîtrisant les chevaux (désirs et convoitises) et en tenant fermement les rênes (le mental)
LE BOUDDHISME
Quelques milliers d’années après l’élan donné par Krishna, la vérité allait à nouveau se diluer, perdre sa force de libération. Et les hommes de cette partie du monde étaient à nouveau mûrs pour accueillir une impulsion spirituelle.
Bouddha apparut et révéla son enseignement vers le 6ème siècle avant Jésus-Christ. Ce messager de la Lumière s’est incarné dans un monde imprégné d’un hindouisme figé et cristallisé : les castes avaient muselé la vraie religion.
Le bouddhisme étant aujourd’hui à nouveau très à la mode, dans notre monde occidental, nous nous attarderons davantage sur les grandes lignes de force de ce courant spirituel.
Le canon bouddhique est cinquante fois plus volumineux que la Bible et deux cent cinquante fois plus étendu que le Coran, il est dès lors évident que nous ne saurons traiter le sujet de façon exhaustive.
Les principes suivants y sont clairement exprimés :
* L’existence est périssable et pleine de souffrance.
* Il y a un chemin qui mène à la délivrance de cet état périssable grâce à la compréhension et à la prise de conscience qu’il y a quelque chose d’impérissable dans l’être humain.
* L’impérissable est comme une épée au fourreau. Dès qu’on l’en sort, elle tranche.
* Ce sont le développement de la conscience et la connaissance de soi qui tirent l’impérissable du fourreau du périssable.
* Et l’impérissable se manifeste alors comme vérité universelle, bonté, compassion, joie, sérénité.
Ces principes confirment certains critères déjà évoqués : deux natures présentes ici-bas. Même si l’une semble omniprésente, engendrant mort et souffrance, l’autre, une nature impérissable est latente, comme endormie, comme un potentiel qui ne demande qu’à s’exprimer .
L’homme, doté d’une conscience et s’engageant dans la connaissance de soi a le pouvoir de permettre l’éclosion de cette nature impérissable.
La souffrance est liée à la double nature de l’homme. Toujours en quête d’absolu, d’éternité, il est contraint au conditionnement de tout ce qui vit : l’impermanence et la mort.
Dans la culture indienne, il ne suffit pas de considérer les souffrances d’une seule vie. Il faut prendre en compte le cycle entier du devenir, avec ses phases toujours répétées de naissance, de vieillesse, de maladie et de mort.
Dans cette roue, où alternent la vie et la mort, l’homme d’aujourd’hui voudrait voir comme une continuité de son être, qui dépasserait ainsi la durée d’une vie.
Mais pour les Initiés indiens, il s’agit d’un grand cercle de souffrance, le Samsâra, dans lequel la libération n’apparaît ni ici-bas, ni après la mort.
Ici-bas et au-delà sont enchaînés, indissolublement liés par la même loi de souffrance.
Le grand cercle de souffrance ne doit pas se perpétuer éternellement.
Grâce à la noble vérité de la cessation de la souffrance, l’homme peut entreprendre le chemin de délivrance. Comment cela ?
° en renonçant à l’attachement et à l’ignorance
L’attachement aux sens, l’attachement à l’existence nous pousse sans cesse vers la recherche de nouvelles satisfactions. Il produit une conscience égocentrique, pleine de convoitises et de calcul.
L’attachement est lui-même le produit de l’ignorance, de la non-conscience de la véritable nature des choses ; il surgit partout où il y a perspective de pouvoir, de plaisir et de jouissance, il entraîne la multitude des enchaînements mentaux responsables de tant de misère humaine : l’avidité, l’ambition, la haine et la colère, l’égoïsme et l’envie, la suffisance, la vanité, l’orgueil.
L’attachement donne naissance à la souffrance non seulement en produisant une douleur immédiate, mais aussi au niveau du Karma, c’est-à-dire sur plusieurs incarnations.
Pour mettre fin à son karma, il faudrait n’en plus créer. Or chaque pensée en ajoute. Krishna proclame qu‘on ne crée plus de karma à partir du moment où l’on offre au divin toutes ses actions, ses paroles, ses pensées. Cet effort continu s’appelle le Dharma.
TAOISME
La voie du non-faire, chère au Taoïsme trouve ici tout naturellement sa place.
La négation employée , non-faire, non-être, a généré bien des réactions et des réticences quant à la passivité qu’elle suggère !
Mais, il faut comprendre comment Lao-Tseu dans l’antique civilisation chinoise présentait Dieu, l’absolu.
Le fondement de toute chose, il l’appelait Tao. Et pour l’homme, Tao est indémontrable. Citons le Tao Te King :
Regarde Tao, tu ne le vois pas ; on l’appelle l’invisible.
Ecoute Tao, tu ne l’entends pas ; on l’appelle l’inaudible.
Touche Tao, tu ne palpes rien ; on l’appelle l’immatériel.
Tao est éternel et ne saurait avoir de nom ; il retourne toujours au non-être.
Il est pourtant le fondement de la manifestation universelle, la Mère de toutes choses.
Le non-faire n’est dans ce cas pas conçu comme une inactivité, mais c’est une voie de libération.
Celui qui se détache de l’extérieur
Trouve le chemin intérieur
Celui qui, au non-faire parvient est admis dans la chaîne qu’il atteint
Non-faire signifie devenir silencieux devant Tao et suivre la voie de neutralité:
- ne plus s’intéresser au monde
- ne pas rejeter le monde
Le candidat est alors comme un vase vide, purifié, prêt à recevoir l’eau vive de l’Esprit universel. Il devient un véhicule de Tao, au service du monde.
Ce détachement croissant, qui apporte liberté et paix intérieure culmine dans le Nirvâna, la libération finale de l’esprit, loin de la souffrance.
CHRISTIANISME
Cette lecture peut être faite également dans l’évangile chrétien, quand il y est dit :
Celui qui veut perdre sa vie pour moi, (pour la nouvelle dimension humaine apportée par le Christ incarné ) celui-là gagnera la vraie Vie »
Lorsqu’un homme en arrive à ce discernement, où l’instinct de vie selon la conscience égocentrique est démasqué, il est soumis à la tentation.
L’instinct de vie, qui fut si longtemps le moteur dans la roue de Samsâra vient le visiter cherchant par divers biais, à l’ancrer dans son univers d’illusions.
Jésus fut visité par Satan, le tentateur, qui lui promit puissance, réussite et richesse au moment où il perçut ce monde comme un désert.
Siddhârta, avant de devenir Bouddha fut tenté sous l’arbre de Boddhi, soumis à la tempête des forces de ce monde, mais il résista et reçut l’illumination.
Tout homme qui entreprend le chemin de délivrance sera confronté de la même manière à ses propres forces intérieures, qui, par des promesses et des illusions tenteront de le retarder sur son chemin.
Mais chacun peut, à l’instar de Jésus et du Bouddha reconnaître cet ennemi intime et l’écarter.
Lorsque Jean parle de son expérience dans l’Apocalypse, il dit :
« Et je vis un nouveau ciel, et une nouvelle terre, car l’ancien ciel et l’ancienne terre avaient disparu. »
Il s’agit donc bien d’un mode de vie hors des limites de l’espace et du temps.
Ce mode de vie s’adresse à tout homme, qui se libère de tout ce qui est personnel et limité, qui cesse sa course au bonheur et à la puissance, son agrippement aux choses passagères avec leur cortège de joies et de souffrances.
Ce mode de vie n’est pas le vide, le néant, mais bien au contraire la plénitude.
ENSEIGNEMENT UNIVERSEL
Les lignes de force que nous avons dégagées constituent les fondements d’un enseignement universel qui s’adresse à l’homme à travers les âges.
Il est ainsi complètement d’actualité aujourd’hui encore.
Deux champs de vie coexistent dans le temps et l’espace
Dans l’un demeure l’homme dans un état naturel
Dans l’autre s’exprime la perfection de l’essence divine.
L’homme-moi ne peut franchir la limite qui les sépare.
L’accès au champ de l’éternité s’offre à l’Ame immortelle
Ame qui doit naître dans l’homme naturel et se nourrir à la source de la Lumière éternelle.
« Si l’homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. Ce qui est de la chair est chair et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. »
Jean III,6
Il y a en l’homme une semence de l’origine :l’atome étincelle d’Esprit
C’est l’élément essentiel de tout devenir spirituel
De même que la semence renferme en elle le Plan complet de l’arbre
De même cet atome renferme l’homme spirituel
L’homme porte cet atome dans son cœur
Dans l’unique but d’en permettre l’éclosion.
C’est le joyau dans le Lotus qui éveille Siddhartha à l’état de Bouddha
C’est le grain de sénevé qui fait de Jésus le Christ
C’est la Rose du cœur qui pousse l’homme à se tourner vers la Lumière
Dans ce revirement fondamental, il meurt à l’ancien
et se transforme en « Rose-Croix ».
Un tel homme (une telle femme) devient un chantier,
un laboratoire où de grandes transformations s’opèrent.
Les outils s’appellent compréhension, connaissance de soi, nouvelle conscience.
A terme un nouveau ciel microcosmique s’éveille et entoure le chercheur comme un manteau.
Ce processus concerne à la fois l’individu et le monde entier. Quand une impulsion est donnée, elle peut être perçue comme un vent frais qui souffle sur les institutions en place et incite au renouveau spirituel.
Celui qui surfe sur l’onde de Lumière de son époque est complètement concerné par une réalisation au présent et au quotidien. Il reconnaîtra les critères, l’universel des religions, car il le vivra intérieurement.
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