L’HOMME OUBLIE, TEMPS, MEMOIRE, ORIGINE

L’HOMME OUBLIE, TEMPS, MEMOIRE, ORIGINE

                              Hermès Trismégiste, le père des philosophies égyptienne et grecque, desquelles sont issues les valeurs fondamentales des civilisations occidentales, nous dit:

« Dieu fait l’Eternité, l’Eternité fait le Monde, le Monde fait le Temps et le Temps fait le Devenir ».

                              En une phrase, il nous indique le sens d’un processus qui nous dépasse, mais dont nous sommes pourtant les acteurs.

                              Tout commence dans l’unité de Dieu, la cause sans cause de toutes choses.

Dieu représente le Bien éternel, mais comme le dit Jacob Böhme dans « Le Chemin pour aller à Christ », « Si le Dieu caché, qui n’est qu’une unique essence, n’était pas sorti par la volonté hors de soi dans le Temps, dans un discernement dans la vie qui est un combat, comment aurait-il pu avoir une connaissance de lui-même ? ».

Aussi, à la fin d’une nuit cosmique et au début d’un jour de manifestation, Dieu lance ce processus de création dont nous parle Hermès, processus qui aboutira à l’homme créé à son image.

Cet homme est un miroir qui permet à Dieu de se connaître, un instrument par lequel il peut développer sa conscience de lui-même.

                              Ce cycle peut être figuré par le Zodiaque et ses 12 signes. Il commence et se termine par le signe des Poissons qui symbolise l’océan de matière primordiale qui va donner le Monde.

Et sur cet océan flotte l’arche qui abrite les monades, les étincelles de vie.

En effet pour qu’il y ait création de vie, il faut toujours deux principes opposés et complémentaires:

Positif/négatif, masculin/féminin, esprit/matière…

L’un, le Père des Vivants, va conduire le développement de la conscience.

L’autre, la Mère Universelle, surveillera la construction du Monde jusqu’à l’Homme qui doit devenir le porteur de cette conscience.

                              Mme Catharose de Petri, dans « La Parole Vivante », nous dit:

« Dieu le Père, jadis, rejeta l’homme loin de lui dans l’espace incommensurable sous forme d’une étincelle divine indépendante afin qu’il entreprit le pèlerinage qui doit le mener de l’inconscience à l’omniconscience. »

Cette monade contient deux chemins de développement:

L’un, automatique, partant de l’origine et l’amenant jusqu’au plus profond de la matière.

Et un autre, conscient et volontaire, marquant une remontée vers le point initial.

                              L’immortalité doit résulter de l’auto-réalisation afin que le plan de Dieu réussisse à la perfection. La personnalité mortelle devait donc être constituée par des forces extérieures à l’homme, pour ensuite parvenir à la conscience d’elle-même, puis, dans cette conscience croissante, devenir accessible au bien et au mal. Ensuite elle devait passer par des expériences innombrables, afin qu’apparaisse le Soi véritable et qu’en définitive le Mysterium Magnum, le Grand Œuvre, pût commencer:

Le processus de la résurrection, la transmutation de l’entité mortelle en entité immortelle.

(Les Signes Puissants du Conseil de Dieu).

                              Donc pour que ce plan de développement de la conscience puisse se réaliser, il fallait aux monades un véhicule, un corps, dans lequel l’Esprit pourrait se manifester par leur intermédiaire, constituant l’Homme Originel triple: Corps, Ame, Esprit.

C’est pourquoi Dieu projeta son Esprit dans l’océan de matière primordiale, lançant un processus qui devait aboutir à l’homme.

                              La science aujourd’hui parle de Big Bang, cette explosion qui a eu lieu il y a 15 milliards d’années au sein de la « soupe » des particules élémentaires. Celles-ci sont alors expulsées du soleil central, se refroidissent et donc se densifient. Elles passent par les quatre états de la matière évoqués depuis la plus lointaine antiquité:

  • Le feu
  • L’air
  • L’eau
  • La terre

Puis sur la Terre apparut la vie, dans l’eau tout d’abord puis sur terre où

l’on retrouve ces quatre étapes:

  • Minéral
  • Végétal
  • Animal
  • Humain

Enfin vint l’homme avec ses quatre corps, en particulier un corps

mental lui permettant d’agir individuellement, en toute conscience.

Les monades purent alors s’incarner. Cette descente de Dieu dans la matière, cette crucifixion sur la croix de la nature, est décrite dans le mythe de Prométhée qui donne le feu divin aux hommes avec pour effet de se retrouver enchaîné au rocher de la matière, un aigle lui dévorant le foie.

                              Mais Hercule, l’homme sur son chemin initiatique, le libère et lui permet ainsi de retrouver l’état divin.

                              La tâche de l’homme était donc de réaliser l’union de l’esprit et de la matière.  Après avoir subi un processus automatique, il devait par l’auto-réalisation, parvenir à la conscience de lui-même.

                              Au départ, l’homme a eu conscience d’être un dieu.

Homme par sa nature, bien qu’animal par son soi physique. D’où une lutte entre le spirituel et le psychique, entre le psychique et le physique.

                              Ceux qui vainquirent les principes inférieurs en maîtrisant le corps rejoignirent les « Fils de la Lumière« . Ceux qui tombèrent victimes de leur nature inférieure devinrent les esclaves de la matière et les « Fils des Ténèbres« . Ces derniers furent la semence des Atlantéens.

                              Un autre mythe, celui de Narcisse, évoque ce piège dans lequel l’homme est tombé:

Il s’est laissé leurrer par l’illusion du monde comme Narcisse prisonnier de son reflet dans l’eau. Il souffre car son désir de lui-même ne peut être assouvi, il ne peut saisir son image. Il lui suffirait de se lever et de continuer son chemin pour se libérer de cette image qui disparaîtrait aussitôt.

                              Comme le dit Jésus dans l’Evangile de Marie, « le péché originel n’existe pas. Mais l’homme vit dans le péché quand il refuse d’accomplir la mission qui lui a été confiée par Dieu« , à savoir son chemin d’expansion de la conscience de la multiplicité vers l’unité originelle.             

                              Mais Dieu ne laisse pas périr l’œuvre de ses mains.

Depuis l’aube du genre humain, des envoyés de la Fraternité Universelle viennent régulièrement nous interpeller, nous rappeler que nous ne sommes pas simplement des animaux pensants mais que nous avons aussi dans notre cœur une étincelle d’Esprit qui attend d’être éveillée à la vie.

                              Beaucoup d’hommes ont manifesté cette ressouvenance d’un paradis perdu, d’un Eden où l’homme originel Adam vivait en paix avec le monde et ses habitants, où le lion broutait à côté de la gazelle… Certains ont voulu établir le paradis sur terre, tentatives toujours vouées à l’échec.

D’autres ont exprimé le besoin de liberté ressenti intérieurement par une action politique: Au lieu de se libérer soi-même, on essaie de libérer tout un peuple avec les débordements que l’on connaît.

                              Cette nostalgie s’exprime aussi dans la musique comme la musique baroque et a inspiré des genres musicaux comme le Blues ou le Fado.

                              Enfin les écrits sacrés comme la Bible ainsi que les contes et légendes font tous état d’une autre réalité oubliée ou perdue ainsi que du récit d’une quête ou d’un retour vers cette réalité antérieure.

                              Ainsi donc, de nombreuses sources tirées de l’histoire temporelle nous permettent de faire état d’un souvenir qui se perpétue, d’une véritable nostalgie d’une condition humaine que nous aurions perdue en un temps très ancien.

Ces mêmes sources nous permettent encore de faire état d’un cheminement vers cette condition humaine très ancienne à laquelle nous semblerions aspirer. Comme si notre objectif était de retrouver cette condition première de « l’homme oublié » et de « patrie perdue« .

                              Nous vivons dans un espace-temps soumis à la loi du brisement, de la loi du « monter, briller, descendre« . La naissance, la vie, sont inséparables de la mort.

Mais Hermès affirme que le Temps entraîne le Devenir

                              En effet le principe divin est présent dans le Temps comme en nous-même.

Nous sommes un être double, une parcelle d’éternité gît dans notre cœur. Elle est la porte qui mène au Royaume Originel.

                              Comment ouvrir cette porte ?

C’est à la fois simple (« frappez et l’on vous ouvrira« ) et difficile dans la mesure où nous sommes liés à cette nature par de nombreux liens héréditaires, karmiques, sociaux…

                              La clé nous est donnée par Jésus-Christ qui dit: « Soyez mes imitateurs » et « ce que j’ai fait, vous le ferez aussi et des choses plus grandes encore« .

                              Nous qui sommes des Hommes Jean, des chercheurs de vérité, nous devons aller vers Jésus, l’âme née dans notre cœur, et vivre notre Golgotha, où l’esprit peut se lier à nouveau à l’âme et au corps pour reconstituer l’homme triple originel.

                              Il existe en chaque homme un domaine préservé et hors du temps.

                              Ce domaine est le centre du Microcosme humain, qui est la véritable stature de l’Homme Oublié.

                              Ce domaine peut être perçu comme un atome, un atome d’un autre espace, dernier refuge de l’âme humaine.

                              C’est sur cette base, base nourrie par un autre ordre de conscience qui n’appartient plus au temps, que la personnalité actuelle peut répondre, (c’est à dire savoir, oser, vouloir et agir), pour résoudre la grande interrogation initiatique:

Qui sommes-nous ?       D’où venons-nous ?       Où allons-nous ?

                              « Dès que, quelque part dans le monde, par l’auto-réalisation, un être humain remonte du nadir de la matérialité et réalise le plan divin, un cri de joie résonne à travers l’univers entier comme preuve de cette réussite effective. »

(Les Signes…).

                              Ou, comme l’exprimait Jacob Böhme:

« La vie est dans le combat, afin qu’elle soit manifestée, sensible et à trouver, et que la sagesse soit discernée et connue; Le combat sert aussi à la joie éternelle, qui résulte de la victoire. Car il en résulte une grande louange dans les saints en Christ, de ce que Christ a surmonté en eux les ténèbres, et toute la propriété de la nature, et les a affranchis du combat.

Ainsi Dieu a mis toutes choses dans le libre-arbitre, afin que la domination éternelle selon l’amour et la colère, selon la lumière et les ténèbres, soit manifestée et connue, et que chaque vie cause son propre jugement. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *