LA BIBLE BANTOU

LA BIBLE BANTOU

Maweeja Nnangila existait seul dans le Ciel du Sommet. Au commencement de « Toutes les Choses » (l’Univers), il se manifesta seul et de par soi-même.

Puis il créa Trois Esprits Seigneurs, dont lui-même, le premier d’entre eux.

Puis quatre avec l’Emissaire Maweeja, le quatrième.

Puis il créa 12 Grands Esprits (Les douze Eons).

                                               Maweeja Nnangila trône entre l’Esprit Aîné Fils de Cyame (le Fils) et l’Esprit Cyame (l’Esprit Saint). Cette situation est celle d’un fils premier né qui organise les biens de son père et l’épouse qui les fait fructifier (Le Père, le Fils et l’Esprit Saint).

MAWEEJA NNANGILA – DIEU

                                               Quand il se manifeste, la Terre est agitée de tremblements; Car l’ère va être bouleversée. Son corps est celui d’un Esprit. Il est entièrement couvert d’étoiles invisibles qui sont ses yeux.

Le Soleil invisible est l’éclat de son front, la Lune invisible l’éclat de son occiput.

En lui sont renfermés l’Energie et le Souffle, l’Eau et le Feu, la Lumière et les Ténèbres.

Le Ciel et la Terre sont issus de lui.

Tous les Esprits de « Toutes les Choses » sont sortis de lui seul, de même que des multitudes d’êtres procèdent d’un seul œuf. Le Mauvais Esprit lui-même lui doit tribut.

Il crée, fait croître toutes choses, les fait mourir et renaître. C’est lui qui a laissé ses pouvoirs et continue à les donner au Mauvais Esprit Kavidividye qui les exerce, par sa propre faute, dans le Mal.

                                               Maweeja Nnangila a accompli sa Grande Œuvre de la Création en multipliant sa personne, sans en perdre rien. Il a animé Toutes les Choses d’Energie, même celles qui sont immobiles. Il a insufflé l’Esprit dans l’homme par son Souffle. Le Souffle est une grande part de la vie de l’Homme car par lui, seul de toutes les créatures, il a reçu un  Esprit.

ESPRIT AINE FILS DE CYAME – LE FILS

                                               Il est le premier d’entre tous les Grands Esprits, lui seul peut approcher Maweeja Nnangila et le regarder face à face. On l’appelle son « Fils Premier-Né », bien qu’il soit hermaphrodite, car il siège à sa droite, le renseigne sur ce qui se passe en tous lieux et transmet ses ordres aux autres Esprits.

(Les ancêtres des Lulua, entendant les premiers blancs parler de Jésus, s’étaient écriés: « Que la renommée de notre Grand Esprit est donc grande pour que ces blancs le connaissent sous un autre nom ».)

                                               Les initiés le nomment « Grande Chair » car Maweeja Nnangila le métamorphosa en chair avant de le sacrifier à toutes ses créatures. Puis il ressuscita, ressuscitant en même temps toutes les créatures.

Il donne leur place et leur rang aux choses créées et fait régner l’ordre parmi les Esprits et parmi Toutes les Choses.

ESPRIT CYAME – LE SAINT ESPRIT

                                               Il fait prospérer tout ce qui est créé. Il est l’instructeur des Hommes, le Maître de tous les Doubles (Doubles divins ou Ames divines).

GENESE

                                               En amont, se trouve le Village des Bananes (le Paradis), réservé aux Bons Esprits qui ont vécu et sont morts bien des fois dans des corps dont ils se sont détachés.

Au-dessus, la « Grande Place d’En Haut » qui est le Ciel du Sommet. Elle est réservée aux Esprits Immortels.

En aval, la Terre où Maweeja Nnangila métamorphose les Esprits qu’il y précipite. Il leur donne une qualité animale, il en fait des êtres équivoques, à la fois Esprit et de nature animale.

Enfin en-dessous se trouve la Profondeur de la Terre. Au départ, Maweeja Nnangila n’avait créé que des Bons Esprits. Le Mal advint par l’envie jalouse de l’Emissaire Maweeja. Il se révolta et fut précipité dans la Profondeur de la Terre avec les Esprits qui s’étaient révoltés avec lui. Ils ont gardé tous leurs pouvoirs, sauf celui de faire le Bien.

Lorsque ces Esprits appartenaient au Ciel du Sommet, ils étaient animés par l’Energie de ce Ciel qui est blanche. Dès le moment où ils furent précipités, ils furent animés par celle de la Profondeur de la Terre qui est rouge et de Grande Mort.

                                               La Magie de l’Accablement est nécessaire car avant de pénétrer les secrets du Bien, il faut avoir passé par les secrets du Mal. Sans quoi l’initié demeurerait désarmé vis à vis des maléfices. Mais il doit ensuite entrer dans la Haute Science de la Cité, en reniant par serment les mauvais actes du passé. Sinon il est métamorphosé à jamais en Mauvais Esprit.

                                               Quand Maweeja Nnangila voulut créer l’Homme, il souhaita une créature faite à son image, qui fût le seigneur de toutes les créatures.

Il le voulut donc doué d’un Esprit semblable aux Esprits du Ciel et de la faculté de la parole et du pouvoir du Verbe, qui n’appartiennent qu’aux êtres qui possèdent un Esprit, les distinguant des animaux et leur conférant la seigneurie sur eux.

Il s’emplit donc d’un Souffle de très grand pouvoir et l’exhala sur la Terre, disant :

« Seigneur Mâle, maître de toutes les créatures, apparais ».

Puis il exhala son souffle sur l’Homme et dit : « Seigneur Femme, apparais ».

Ce furent les premiers et il les nomma « Ses Gens ».

                                               Chaque homme qui naquit par la suite possède une part de ce Souffle et, bien qu’il l’ait altéré, cette part du Souffle de Maweeja Nnangila est son Esprit.

Lorsque son Esprit lui ordonne de mourir, l’homme meurt. Mais son Esprit ne meurt pas tant qu’il ne le tue pas en persévérant dans le Mal.

                                               Lorsque son Esprit lui ordonne de se réincarner, l’homme se réincarne. Aussi le nomme-t-on « Grande Vie ».

Le cœur de l’homme est appelé « chair compacte du Verbe », où bat la vie de son Esprit.

                                               Au début, les créatures n’avaient pas de corps charnel, elles avaient une forme légère comme le vent. La mort n’existait pas, ni le vieillissement.

L’Homme était mi-Homme et mi-Esprit.

                                               L’Homme est triple :

La première partie, la plus importante : un Esprit qui est la Grande Vie de l’Homme.

La deuxième partie, intermédiaire entre la première et la troisième, est la part humaine de l’Homme, l’Ame.

La troisième est la part animale de l’Homme.

A l’origine, l’Homme n’avait que les deux premières parts. Le corps a été créé quand l’Homme s’en alla avec la Terre bannie du Ciel du Sommet.

                                               A l’origine, l’Homme était bon. Son Esprit manifestait les pouvoirs qui résident dans le cœur : l’intuition claire des choses divines et le pouvoir du Verbe.

Car l’Esprit de l’Homme circule dans tout son corps. Mais son siège est dans le cœur, d’où ses pouvoirs remontent à sa bouche et à ses mains.

Sa Grande Fontanelle était ouverte, lui donnant le pouvoir attaché à cet orifice du cerveau, par lequel l’Esprit manifeste l’intelligence et la sagesse.

Le Double de l’Homme réside dans son foie.

Le Fantôme (animal) réside dans l’énergie de son sang.

LA CHUTE

                                               Maweeja Nnangila a créé « Toutes les Choses », la Terre et le Ciel, mais il n’avait pas séparé l’une de l’autre. Il y avait une seule énergie, toutes les choses étaient  blanches, couleur aînée, mâle, forte et de Grande Vie, qui est celle des choses absolument bonnes, et qui ne meurent jamais.

L’ordre et la paix régnaient sur la Terre et dans le Ciel.

Maweeja Nnangila avait placé l’Homme et la Femme à l’ombre du Palmier Raphia.

Il dit à l’Homme : « Demeure ici, mais ne blesse pas mon Palmier, ne l’entaille pas pour boire son vin. Quiconque blessera mon Palmier et boira de son vin, assumera la faute de son crime envers moi. Pour l’en punir, je le tuerai. »

                                               Conseillé par l’Emissaire Maweeja et par Equivoque, le Seigneur des animaux, l’Homme goûte le vin et il est plongé dans un sommeil de mort. Maweeja Nnangila le réveille de force et lui demande : « Quel est ton nom ? Je suis « chose formelle », Untu, et non pas Homme, Muntu. Et de ceci nous sommes peu glorifiés. »

                                               La guerre et la mort s’ensuivirent. Au signal de la rébellion de l’Homme, l’Emissaire Maweeja et ses Esprits déclarent la guerre à Maweeja Nnangila. Mais celui-ci les chasse et les précipite dans la « Profondeur de la Terre ». Ils sont métamorphosés en des êtres mi-Esprits et mi-animaux.

                                               L’Emissaire Maweeja est banni et est appelé Kavidividye, le Mauvais Esprit. Equivoque, lui, fut appelé Nnyoka le réprouvé, nom qui est devenu le terme générique de tous les serpents. Car Maweeja Nnangila le métamorphosa en serpent, le condamnant à ramper sur le sol. Il le punit ainsi grandement parce qu’il s’était révolté contre lui en donnant de mauvais conseils à l’Homme.

Puis de très grandes pluies tombèrent sur la Terre et la bouleversèrent.

                                               Du jour où elles furent bannies du Ciel, la Terre et les Choses de la Terre devinrent de couleur noire. Elle est femelle, faible, mais pas mauvaise et malfaisante. Elle est la couleur des choses périssables, que la Mort altère et flétrit, sans cependant les détruire à jamais, car elles sont capables de revivre.

Les représentants du Mauvais Esprit Kavidividye et les choses qui leur appartiennent sont rouges.

LA REDEMPTION

                                               Maweeja Nnangila avait bien créé « Toutes les Choses », mais il y avait laissé un défaut : la Mort.

Aussi il leur dit : « Voyez, je vais conclure un grand pacte par serment pour effacer ce défaut et parachever ma Grande Seigneurie. Je vais conclure un pacte avec toutes mes créatures afin qu’elles puissent revenir à la vie. Créatures, je vais vous livrer la « Chair de mon Front », mon Fils Premier-Né. »

                                               Il ordonna à l’Esprit Aîné Fils de Cyame, deuxième Esprit Seigneur, de se métamorphoser.

Aussitôt il se changea en chair corporelle.

Et Maweeja Nnangila dit : « Que tous mangent sa chair ».

Et tous ceux qui étaient assemblés là le dépecèrent et le mangèrent.

De même Jésus exhortait ses disciples : « Mangez, ceci est mon corps, buvez, ceci est mon sang ».

Maweeja Nnangila dit alors : « Voyez, par le sacrifice de cette Grande Chair de mon Front, Fils Premier-Né, j’ai effacé le défaut qui demeurait dans ma création et parachevé ma Grande Seigneurie.

                                               Ce sacrifice scella le pacte qui le lia avec toutes les créatures, afin qu’obéissant à lui seul, elles puissent renaître à la vie. Ceux qui n’ont pas tenu leur serment, Maweeja Nnangila les fait tuer une deuxième fois. C’est-à-dire qu’il fait tuer leur Double (Ame) et leur Esprit en les animalisant et les fait précipiter dans les Profondeurs de la Terre.

LA RESURRECTION

                                               Lorsque les créatures eurent mangé leur part de la Grande Chair de son Premier-Né, la Mort les saisit à nouveau. Mais dès l’aube du jour suivant, ce Premier-Né ressuscita, bien qu’il eût été dépecé et mangé. Il réapparut, non sous forme de chair, mais sous sa forme d’Esprit du Ciel. Car il était Esprit Seigneur, part de Maweeja Nnangila qui l’avait émis sans perte de sa substance.

Il fit surgir le Coq afin que son cri ressuscite les créatures de leur mort. Elles s’éveillèrent les unes après les autres, sortant du corps d’Esprit Aîné Fils de Cyame lui-même.

                                               Notre mort, lorsque notre corps meurt et que notre Double s’en sépare, est l’image de la Mort que Maweeja Nnangila infligea aux créatures.

Notre réincarnation, lorsque les trois parties se réunissent pour rejoindre un nouveau corps sur la Terre, est l’image de cette résurrection. Le sommeil de chaque soir est l’image de cette Mort.

Notre réveil chaque matin, lorsque le Coq chante, est l’image de cette résurrection et de notre réincarnation.

                                               C’est ainsi que les initiés procèdent : Au soir ils entrent dans la fosse où ils s’endorment du sommeil de la Mort, recevant l’enseignement des Esprits.

A l’aube du jour suivant ils se réveillent, non plus profanes, mais « Yeux Ouverts », du fait de leur résurrection à la Vie et à la Lumière nouvelle qui les éclaire.

                                               Sur la Terre, l’Homme est comme en voyage, loin des siens, dans son corps charnel. Le corps est semblable à la chenille, son Double au papillon.

L’Homme est sujet à une triple métamorphose : Homme en vie sur la Terre, cadavre dans un tombeau et Esprit, après sa mort, au Village des Bananes.

De même les Hommes, au cours des temps, doivent passer par trois métamorphoses : l’Homme fut créé Homme-Esprit, puis Maweeja Nnangila le changea en homme. La première race était des géants. Leur taille et leur force n’ont fait que décroître, les gens aujourd’hui sont petits et faibles.

Quand le temps sera venu, ils redeviendront Homme-Esprit, comme à l’origine.

LE KARMA

                                               Quand Maweeja Nnangila envoie des émissaires du Ciel du Sommet s’incarner sur Terre, on les appelle des « Venus d’eux-mêmes ». Ils sont une part de lui-même et de son Souffle. On les nomme encore Etoiles Ntumba, Tombés du Ciel, parce que lorsqu’un Emissaire va s’incarner, son Etoile Répondante tombe vers la demeure de la femme, précédant et annonçant sa venue. Ces êtres naissent sans apporter d’histoires terrestres car ils n’ont pas de passé terrestre.

Si les Esprits de ces gens ne se dévoient pas sur la Terre, après leur mort ils remontent au Ciel.

                                               Il advient que les Esprits de certains d’entre eux se dévoient quelque peu, sans toutefois devenir mauvais. Dans ce cas, ils remontent jusqu’au Ciel Intermédiaire et vont séjourner au Village des Bananes, séjour des Esprits des Réincarnés défunts qui sont acquittés au jugement des Doubles. Lorsqu’ils y ont fait leur temps, ces Esprits, devenus semblables à ceux des réincarnés, ont désormais le même sort : Ils vont rejoindre leur Doubles respectifs, puis leur Fantômes et ils vont se réincarner dans de nouveaux corps humains.

Les Réincarnés apportent avec eux d’autant plus d’histoires terrestres qu’ils se sont incarnés de nombreuses fois auparavant.

Une Bible Noire  Cosmogonie Bantou

Tiarko Fourche – Henri Morlighem Editions Les Deux Océans

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