LES ARCANES DU TAROT

LES ARCANES DU TAROT

I  Le Bateleur

                                 Il révèle la méthode pratique des autres arcanes : la concentration sans effort, la spontanéité d’avant la chute, c’est-à-dire transformer le travail en jeu. Il faut être bateleur, concentré sans effort, opérant avec aisance comme si l’on jouait et agissait avec un calme parfait.

Au dessus de lui est une forme de lemniscate, un huit horizontal : c’est le symbole de l’infini, du rythme, le rythme éternel. C’est le chiffre de Saturne qui est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin de notre histoire qui a débuté avec l’entrée dans le monde de l’espace-temps et qui doit se terminer par notre victoire sur ce monde qui nous retient, le passage de la porte de Saturne gardée par l’être aural, la somme de toutes nos incarnations, notre Karma.

II  La Papesse

              

              Elle tient le livre M, le livre du Monde qu’il faut décrypter. C’est également l’Evangile, la Parole de Dieu. Elle est la Gardienne sacrée du livre de la révélation, la Gnose, la conscience d’avant la chute.

La tiare représente les 3 étapes de la descente et de la remontée.

Celui qui ose aspirer à l’expérience de l’essence même de l’être, développera le sens mystique, l’activité du cœur.

S’il veut non seulement vivre mais encore apprendre à comprendre ce qu’il vit, il développera le sens gnostique, l’activité de la tête.

Et s’il veut mettre en pratique ce qu’il a compris de l’expérience mystique, il développera le sens magique, l’activité du bassin qui est l’acte.

Et enfin tout ceci doit être redonné aux autres, écrire son livre. Les 3 doivent être 1 pour être redonnés. S’il y a séparation, il y a dégénérescence des éléments séparés : la mystique, le cœur, devient le mysticisme, la Gnose, l’intellect et la magie gnostique, l’occultisme. Sans parler de magie noire, les occultistes sont des magiciens qui tâtonnent dans les ténèbres, la lumière de l’âme, de la Gnose, leur fait défaut.

La mystique dégénère en jouissance spirituelle, en ivresse. Le mystique qui ne veut que l’expérience des états mystiques sans vouloir être utile à autrui, qui oublie tout et tous, peut être comparé à un ivrogne spirituel.

                            La Papesse est assise, ce qui fait penser à la méditation assise dans le Bouddhisme Zen : il ne s’agit pas de s’asseoir, de fermer les yeux et de se concentrer, mais d’établir un état de silence actif, être dans un état de réceptivité qui permet au reflet de ce qui est en haut de se manifester en bas. (Le cœur doit être libre du créé… Me Eckhart).

L’ordre des choses dans le processus d’éveil :

D’abord le contact réel avec le divin (Mystique).

Puis la prise de conscience de ce contact (Gnose).

Et enfin la mise en œuvre de ce que la révélation mystique a fait connaître comme étant la tâche à accomplir et la méthode à suivre (Magie Sacrée).

Le voile couvre les mondes intermédiaires entre le chercheur et le monde divin, la sphère astrale de l’au-delà.

III L’Impératrice

                            Le sceptre est formé de trois parties : une croix, un globe et une baguette terminée par une goutte.

Le globe est formé de 2 coupes (Saint Graal) : l’une est la volonté divine et l’autre la volonté humaine.

Le sceptre est l’expression symbolique de la méthode de la réalisation de la potentialité représentée par la couronne.

L’influx de la croix coule de la coupe supérieure dans la coupe vide inférieure et de là descend par la baguette (Kundalini) pour se concentrer dans son extrémité. Elle devient une goutte de sang humain par la Parole et l’action humaines.

                            Le but de la Magie sacrée est représenté par l’écu : l’action libératrice. L’envol de l’aigle, c’est rendre la liberté à quiconque est esclave.

                            Le siège sur lequel est assise l’Impératrice (cathèdre) a un dossier en forme de deux ailes pétrifiées qui furent autrefois des ailes véritables et qui doivent le redevenir : la vie d’avant la chute.

Les trois premiers arcanes sont résumés par la formule :

« Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » Jean XIV, 6.

  1. La vraie voie ou la spontanéité mystique (aujourd’hui la lutte, l’effort).
  2. La vérité révélée, la Gnose (aujourd’hui la vérité est enseignée par la souffrance).
  3. La vie transformatrice ou Magie sacrée (aujourd’hui mort destructive).

IV L’Empereur

                            L’autorité qui provient d’un état d’être, l’obéissance au divin, l’autorité de Dieu.

Il a renoncé à la contrainte, à la violence, il n’a pas d’armes.

V Le Pape

                            L’acte de la bénédiction, un acte sacerdotal.

Les 2 colonnes symbolisent le double courant montant et descendant de la prière et de la bénédiction : la prière des hommes monte vers Dieu puis se transforme en bénédiction qui descend vers eux. L’effort est la prière, le résultat la bénédiction.

Physiquement, le sang monte vers le cœur où il subit l’action purifiante du lemniscate et irradie ensuite dans tout le corps.

Un problème pertinent de la raison qui n’est pas dû à la curiosité ou à la compilation intellectuelle mais bien à la soif de vérité, est une prière.

Et l’illumination dont il peut être suivi est la bénédiction correspondante.

VI L’Amoureux

                            La chasteté.

VII Le Chariot

                            C’est l’arcane de la maîtrise : la renonciation en bas met en mouvement les forces d’accomplissement d’en haut et le renoncement à ce qui est en haut met en mouvement des forces d’accomplissement d’en bas. Le oui d’en haut répond au non d’en bas.

« Seigneur les joies je donne, jusqu’à la joie de servir ».

La renonciation par indifférence n’a pas de valeur morale, donc magique.

Dieu demande aux Anges qui ne connaissent que le Bien de s’incarner dans le monde du Bien et du Mal afin qu’ils fassent preuve de leur force.

On préfère l’idéal du Surhomme à celui du Fils de l’Homme. Mais cet arcane est le triomphateur des épreuves, c’est-à-dire des tentations, et s’il est maître, il l’est de lui-même. Il est seul sur son char, personne pour l’applaudir, pour lui rendre hommage.

                            L’expérience authentique du divin rend humble car dans cette rencontre le chercheur est confronté à sa faiblesse, il prie le Seigneur de lui pardonner ses offenses comme il pardonne à ceux qui l’ont offensé.

 L’humilité n’est pas une qualité naturelle car le produit de l’évolution, de la lutte pour la vie, de la sélection naturelle, c’est l’affirmation de soi, un lutteur, un guerrier. Cette humilité est donc une grâce due à l’activité du cœur, la foi qui se manifeste au contact du divin.

Le côté positif du chariot est le triomphateur vainqueur de lui-même.

L’homme est solidement campé sur le quaternaire Feu, Air, Eau, Terre, il maîtrise le monde.

Le maître des 4 éléments est un homme d’initiative, serein, mobile et ferme. Il représente les 4 vertus de la théologie catholique : la prudence, la force, la tempérance et la justice.

VIII  La Justice

                            Cette lame évoque l’idée de la loi qui s’interpose entre l’action libre de la volonté individuelle et la volonté universelle de Dieu, l’essence même de l’être : la loi de karma qui est une loi rectificative et protectrice qui nous empêche d’errer définitivement sur les chemins de traverse, mais qui au contraire nous ramène toujours sur la voie de l’évolution, de l’expansion de conscience.

L’homme peut agir suivant son libre-arbitre mais la loi réagit en fonction de la réalité divine.

                            La loi est assise entre 2 colonnes : celle de la Volonté (Jakin) et celle de la Providence (Boas). Elle n’agit pas, elle ne fait que réagir. Sa couronne indique qu’elle tient sa dignité et sa mission d’en haut, de l’Etre Suprême. La balance et le glaive montrent qu’elle garde l’équilibre et qu’elle le garde par la sanction. Elle est l’image du karma/Nemesis qui considère que toute action entraîne une réaction, réaction rectificative si l’action est négative, si la volonté individuelle pèche contre la volonté universelle.

Une action en bas entraîne une réaction en haut.

Un effort en bas entraîne un don en haut.

La balance de la justice (Nemesis) agit dans les 2 sens : à l’horizontale, elle est le karma, à la verticale elle rétablit l’équilibre entre ce qui est en bas et ce qui est en haut.

Le karma est la loi de l’Ancien Testament (œil pour œil, dent pour dent), la Grâce est celle du Nouveau Testament.

La balance ne pèse pas la quantité mais la qualité. Le pardon d’une offense d’autrui peut provoquer le pardon de mille de nos offenses de même nature, comme il est dit qu’un être qui se libère peut libérer le monde.

Enfin la balance est l’équilibre entre le cœur et la tête : ora et labora, prier et penser, la foi et la compréhension.

IX  L’Ermite

                            Il représente le père sage et bon qui est un reflet du Père qui est aux Cieux et également la méthode et l’essence de l’Hermétisme.

L’Hermétiste doit être nécessairement solitaire, un ermite, car il se situe au-delà des contraires, des partis, il recherche la synthèse, c’est-à-dire la paix véritable.

Il est en marche, prudent dans sa marche il tâte le terrain avec son bâton et éclaire le moindre recoin avec sa lampe. Il n’avance qu’après avoir touché le sol par l’expérience immédiate et sans intermédiaire et peut faire jaillir la lumière dans les ténèbres.

L’Ermite n’est pas plongé dans la méditation ni dans l’action, il chemine, c’est-à-dire qu’il manifeste un troisième état, le Non Agir.

L’image de ce mouvement permanent sur le chemin de la vie évolutive, c’est le cœur qui n’arrête jamais de battre, le cœur qui est à la fois le savoir et l’action.

                            Le manteau a la faculté d’isoler du courant des humeurs, préjugés et désirs collectifs de la race, de la nation, de la classe et de la famille.

Il est la présence dans une couche de conscience plus profonde de la Vérité toute entière. Ce n’est pas un système intellectuel mais une couche de l’être comme un manteau qui l’enveloppe. Cette vérité se manifeste comme une certitude, une foi inébranlable. La Foi est le Souffle divin dans l’âme, l’union de l’âme avec Dieu atteinte par l’effort de la pensée.

X  La Roue de Fortune

                            Elle montre le cycle de descente et de remontée suivi par les monades. Le Sphinx est un être qui a réalisé l’union entre l’humain et l’animal, l’Esprit et la Matière, tête d’homme et corps de lion.

                     Le singe à figure humaine représente la descente de l’Ange qui portait la couronne de l’Esprit et qui se voit précipité dans le monde de la nature de la mort afin d’être confronté à la dualité du bien et du mal et, par la lutte pour vaincre le mal, faire la preuve de sa force. Le singe a été choisi car il est l’animal le plus proche de l’homme (97%), il est un animal avec un visage d’homme montrant ainsi notre état actuel : nous sommes nous-mêmes un animal pensant coupé de l’Esprit et notre mission à chaque nouvelle naissance est de rétablir cette liaison (Religion).

                            Nous devons, pour commencer ce chemin de retour, éprouver un profond désir de retrouver notre humanité perdue, et le chien dans son immense amour pour l’homme, représente bien ce profond désir d’humanité qui est présent en nous, souvent caché sous une masse d’informations, d’activités, d’opinions, d’influences diverses karmiques, astrologiques, héréditaires…

Le chien est le symbole de l’aspiration de l’animal à l’union avec la nature humaine, c’est-à-dire à l’aspiration au Sphinx où l’animal est uni à l’homme.

                            Il faut noter que ce n’est pas le Sphinx ou le Singe qui décident de descendre, mais la roue qui l’entraîne. Il s’agit là d’un cycle permanent qui fait partie du plan de Dieu pour le développement de la conscience qui passe par une série d’épreuves comme celles que Jason dût affronter pour enfin remporter la Toison d’Or, l’Ame divine.

                            Le cercle, espace fermé, représente la manifestation d’un monde clos soumis à la loi perpétuelle du monter, briller, descendre, au cycle des incarnations. Il est possible de briser ce cercle-prison dans lequel nous sommes enfermés et ainsi de rejoindre le Sphinx. C’est la voie présentée par toutes les Ecoles des Mystères depuis l’aube du genre humain jusqu’à nos jours.

 Le cercle ouvert est la spirale où la fin d’un cycle aboutit non à la mort puis à la renaissance au même point, mais à une spirale supérieure s’élevant toujours plus haut, plus proche de notre origine divine. C’est la croissance, le progrès illimité, le retour de l’enfant prodigue.

Le chemin va de la circonférence vers le centre le moyeu de la roue qui est immobile : centre du microcosme, le cœur siège de l’étincelle d’Esprit, porte sur l’au-delà du monde.

XI  La Force

                            Cette femme victorieuse du lion de l’égo, de l’emprise de la Nature, est la Vierge, le principe de la Force, c’est-à-dire la nature originelle non corrompue. Elle porte un chapeau en forme de lemniscate, symbole de l’infini. Le sang suit dans le cœur un circuit en huit qui permet sa purification.

L’état de virginité est celui de la consonance des 3 principes : l’Esprit, l’Ame et le Corps. C’est le principe de l’unité des 3 mondes : La Terre, le Purgatoire et le Ciel.

Terre : la virginité est l’obéissance complète du corps à l’âme.

Purgatoire : obéissance complète de l’âme au souffle de l’Eternité ou chasteté.

Ciel : réceptivité absolue envers le Divin ou pauvreté.

                            La Virginité est donc l’union de ce qui est en haut et de ce qui est en bas. Symboliquement, lorsque l’on suit un chemin spirituel, la Vierge Marie doit apparaître un jour ou l’autre, elle est la marque de la manifestation de la nature originelle dans le microcosme : l’initié vit alors d’un autre champ de force, d’une autre réalité.

XII  Le Pendu

                            Il représente le principe de la gravitation. Nous sommes tous soumis à différents systèmes de gravitation, la religion elle-même est la manifestation de la gravitation spirituelle vers Dieu.

Le terme de chute que l’on emploie pour désigner l’évènement primordial qui détermina le changement de l’état de l’homme, du Paradis à l’état terrestre, est emprunté au domaine de la gravitation.

L’homme est passé de la gravitation spirituelle dont le centre est Dieu (Rose du cœur au centre du microcosme) à la gravitation terrestre dont le centre est le Serpent (Kundalini, forces de la nature).

L’homme qui vit sous l’emprise de la gravitation terrestre est l’homme charnel, Corps.

Celui qui vit dans l’équilibre des 2 champs, Ciel et Terre, est l’homme psychique, Ame.

Celui qui vit sous l’emprise de la gravitation du Ciel est l’homme pneumatique,

Esprit.

Le Pendu représente un homme renversé, dans la vie duquel la gravitation d’en haut a remplacé celle d’en bas. C’est à la fois un bienfait et un martyre. L’âme est suspendue entre le Ciel et le Monde, elle vit toujours dans le monde mais n’est plus de ce monde (image de la lévitation des Saints). Ce sont les pieds qui sont au contact du Ciel : de par la certitude qu’apporte la foi, la nouvelle activité du cœur, elle agit, se met en mouvement de par la volonté et se dirige vers un lieu qu’elle ne connaît pas, mais elle sait qu’elle doit le recevoir en héritage.

                            Les 12 branches sont coupées car le Zodiaque microcosmique a perdu son influence, le Pendu est hors de son champ d’action. Il est le treizième, la somme des douze.

La monade se révèle par la Trinité sous-jacente à la pensée et à la parole, la Tête.

Par le Septénaire sous-jacent au sentiment et à l’imagination, le Cœur.

Par le Duodénaire sous-jacent et à la volonté et à l’action, le Bassin.

Le tout forme les 22 arcanes du Tarot.

                            Matthieu XIV 28-31 :

« Les disciples étant montés dans une barque sur une mer agitée pour rallier Capharnaüm, ils virent Jésus marchant sur la mer. Ils eurent peur, mais Jésus leur dit : Je suis, n’ayez pas peur. Pierre se dirigea vers lui mais il eut peur et commença à s’enfoncer dans l’eau. Jésus alors le saisit en disant : homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »

Cette parabole signifie : je suis la gravitation et celui qui se tient à moi ne sera jamais englouti par les forces de la gravitation inférieure de la mer agitée de la nature de la mort.               

XIII  La Mort

                            Le noir est le symbole de l’oubli, les herbes sont l’image du sommeil car elles expriment une vie végétative et le squelette avec la faux est l’image de la mort car l’homme est réduit à la minéralité.

L’oubli, le sommeil et la mort sont trois manifestations d’intensité différente d’un même principe qui fait disparaître les phénomènes intellectuels, psychiques et physiques.

On oublie, on s’endort et on meurt. On se rappelle, on se réveille et on naît.

Oubli :      soustraction du corps mental.

Sommeil : soustraction du corps astral.

Mort :       soustraction du corps éthérique.

XIV  La Tempérance

                            Ce personnage est l’Ange Gardien qui couvre de ses ailes son protégé comme une mère défend son enfant qu’il soit bon ou mauvais. C’est pourquoi il est représenté ici comme une femme ailée.

                            L’oiseau est fait de liquide et de solide. Ses ailes lui permettent de s’élever dans un état supérieur : l’air.

De même les ailes permettent à l’Ange d’établir un contact avec le monde spirituel

Mais si l’oiseau s’appuie sur l’air pour vaincre la gravitation terrestre, les ailes de l’Ange le mettent en contact avec la gravitation céleste. Elles sont un lien organique avec Dieu.

Les deux ailes sont compréhension et action, Gnose et Magie. L’homme qui vit dans la prière sans cesse et agit, possède ces ailes : ora et labora.

Les ailes de l’Ange l’entraînent vers les hauteurs du Ciel, les ailes du Diable lui permettent de plonger dans les profondeurs des Ténèbres.

Les jambes sont les organes du contact avec la Terre, l’amour de la nature terrestre, les ailes sont en contact avec le Ciel, l’amour de Dieu.

Les bras se rapportent à l’horizontale, l’amour du prochain.

                            L’homme est écartelé entre ces deux inclinations : le Ciel et la Terre. La Tempérance est la voie du milieu enseignée par le Bouddha, la juste mesure entre le radicalisme absolu de la monade et le relativisme de la personnalité.

L’équilibre entre le Temps et l’Eternité, le relatif et l’absolu, l’action et la contemplation, le phénoménal et l’idéal.

Au centre se trouve l’Ange Gardien ou la Grâce individuelle. Il est la totalité des fonctions détruites par la chute dans le monde de la matière, toujours présentes potentiellement et qui cherchent à se manifester en l’homme. Chacun doit trouver en lui, en son centre, la source de la vie intérieure, puis travailler et vivre conformément à cette connaissance.

L’Ange verse l’eau vive d’un vase à l’autre, du Ciel à la Terre, du divin à la nature.

XV  Le Diable

                            Cet arcane représente les entités créées artificiellement par l’humanité incarnée, des démons dont l’âme est une passion spéciale et dont le corps est l’ensemble des vibrations électromagnétiques produites par cette passion.

Ces démons artificiels peuvent être engendrés par des collectivités humaines tels maints dieux monstrueux comme le Moloch cananéen qui exigeait le sacrifice des premiers-nés ou Quetzalcóatl au Mexique. Ce sont des égrégors créés par des communautés humaines éprise du frisson de la frayeur, des créations dans l’astral.

Engendrés subjectivement, ils existent objectivement devenant des forces indépendantes de ceux qui les ont engendrés.

                            Les démons qui ne sont pas arrivés au stade de l’objectivation, c’est-à-dire à celui de l’existence séparée de la vie psychique de leur géniteur, ont une existence semi-autonome que la psychologie moderne appelle « complexes psychologiques » et que Jung regarde comme des entités parasites qui sont à l’organisme psychique ce qu’est par exemple le cancer à l’organisme physique.

                            Le complexe psychopathologique est donc un démon en état de gestation qui a été engendré par le patient lui-même. Il a une vie quasi autonome nourrie par la vie psychique de son parent.

                            Comme toute génération, celle des démons est le résultat du concours du principe mâle et du principe femelle, c’est-à-dire ici la volonté et l’imagination. Les deux personnages masculin et féminin sont les parents du démon qui les domine, ils sont devenus esclaves de leur propre créature.

Dans le cas de la génération effectuée collectivement, le démon se nomme égrégor.

Par exemple, le Communisme : l’inspiration visant au soulagement du sort des pauvres et des opprimés et au rétablissement de la justice sociale peut se changer en ivresse du radicalisme. C’est l’opposition entre l’inspiration de l’Ange du XIVème arcane et la génération du démon du XVème arcane.

L’on a vu également comment la religion de l’amour a pu donner lieu aux bûchers de l’inquisition, comment l’idée de la collaboration hiérarchique dans l’humanité est devenue le système cristallisé des Castes (cellule) ou la lutte des classes.

                            Il n’est pas possible de créer un égrégor positif car une forme se produit par coagulation et enroulement, ce qui est une caractéristique du mal.

Le bien, lui, rayonne.

                            Comment les combattre ? En les mettant au jour, à la lumière de la conscience, car la Lumière chasse les ténèbres. Il ne s’agit pas de les détruire, mais de les mettre en présence du bien.

D’autre part on peut éviter de les engendrer en surveillant ses pensées et en évitant de se joindre aux mouvements de masse.

XVI  La Maison-Dieu

                            La Tour de Babel. L’arcane de la construction.

Celui qui bâtit une tour pour remplacer la révélation du Ciel par ce qu’il a fabriqué lui-même sera frappé par la foudre, c’est-à-dire qu’il lui arrivera l’humiliation d’être réduit à sa propre subjectivité et à la réalité terrestre.

Il est une loi que toute activité autonome d’en bas rencontre inévitablement la réalité divine d’en haut. Ce que l’on a bâti par l’effort autonome du moi devra, tôt ou tard, être confronté avec la réalité divine et subir les effets de la comparaison avec elle.

                            L’arcane de la Tour de Babel se manifeste par exemple dans le fait du Purgatoire après la mort. Car tout homme qui n’est pas un Saint, un Rose-Croix, bâtit une sorte de Tour de Babel qui lui est propre. Ses actions, opinions, aspirations, constituent un monde qu’il a bâti et qui doit passer par l’épreuve de la rencontre avec la réalité spirituelle, la foudre. Cette rencontre de la subjectivité avec la réalité spirituelle constitue l’essentiel de l’état post mortem connu sus le nom de Purgatoire.

Personne ne juge l’âme, c’est elle-même qui se juge dans la lumière de la conscience éveillée.

La foudre qui frappe, c’est la lumière divine qui éblouit et qui pèse. La tour frappée, c’est tout ce que l’homme a édifié sur la base du moi de la nature. C’est la lumière qui éclaire nos ténèbres intérieures, la lumière qui pénètre dans le cœur puis qui descend le long de la colonne vertébrale jusqu’au sanctuaire du bassin, siège des forces naturelles, karmiques. Le coup de foudre qui a frappé Saul de Tarse, Paul , sur le chemin de Damas.

Le Purgatoire est la purification qui précède l’illumination et l’union mystique.

L’Enfer est l’impasse spirituelle dans laquelle l’homme s’est fourvoyé lors de la « chute », la rupture d’avec son origine divine. Le Purgatoire garde ouverte la voie du perfectionnement, le chemin du Salut.

                            St Jean de la Croix : « le feu divin de l’amour, pour purifier l’âme, la rend noire, obscure, elle apparaît plus laide qu’auparavant. L’âme ne voyait pas toutes les impuretés qui étaient en elles, on les lui met devant les yeux. Ce travail dure jusqu’à ce que le feu de l’amour l’ait purifiée. »

                            La Tour peut être aussi une construction ésotérique. Il ne s’agit pas de bâtir mais d’entretenir la vigne du Seigneur, permettre à la lumière de se manifester dans le microcosme en lui laissant la place. C’est pourquoi il a toujours insisté sur le principe de la Grâce comme seule source de progression sur le chemin de la perfection (Nature de Bouddha).

La spécialisation est une impasse (Yogi, sciences occultes, pouvoirs…) et a besoin de la foudre libératrice d’en haut pour revenir à la voie de la croissance générale humaine.

L’Hermétisme, synthèse de la Gnose, Mystique, Magie, est l’Arbre et non la Tour.

« Il en est du Royaume de Dieu comme quand un homme jette de la semence en terre : qu’il dorme ou qu’il veille, nuit et jour, la semence croît sans qu’il sache comment. » Marc IV 26-28

On ne trouve pas dans l’ésotérisme chrétien de technique d’éveil des chakras. Ils croissent et mûrissent dans la lumière.

XVII   L’Etoile

                            Arcane de la Mère. Arcane de la croissance.

Cette lame représente le Femme, principe maternel, entre la constellation d’espérance au-dessus et le fleuve de la vie biologique au-dessous.

                            La lumière spontanée d’en haut, la lumière reflétée en bas, l’impulsion ou poussée de l’évolution qui en résulte et qui se sert pour sa réalisation des éléments matériels, voici l’analyse complète du processus intérieur de l’évolution et de la croissance.

« Je suis l’Alpha et l’Omega », je suis l’activité, la cause efficiente qui mit tout en mouvement et je suis la contemplation, la cause finale, qui attire vers soi tout ce qui est en mouvement.

XVIII   La Lune

                            C’est l’antithèse de l’Etoile, le mouvement rétrograde, l’inversion du mouvement évolutif de la vie et de la conscience.

Au lieu du fleuve qui coule, on a l’eau stagnante du marécage.

Au lieu des 2 arbres qui poussent, résultante du travail effectué, 2 tours rigides en pierre.

                            L’écrevisse se meut en nageant à reculons dans l’eau stagnante du bassin. C’est le courant intellectualité – matérialité par opposition au courant intuition – conscience. C’est l’état de l’incarnation, la décroissance ou éclipse de la lumière divine.

                            La Lune est le principe de la réflexion, elle réfléchit la lumière du soleil, de même que l’intelligence humaine réfléchit la lumière créatrice de la conscience. Ici la Lune ne réfléchit que l’intelligence humaine qui doit se libérer pour arriver à l’intuition.

XIX   Le Soleil

                            Arcane de l’intuition, alliance de l’intelligence et de la sagesse spontanée, tête/cœur, Noûs. 2 enfants, l’un touche la tête, l’autre le cœur.

Il faut revenir à l’état de l’enfance, retrouver un état de spontanéité où l’on accepte les suggestions du cœur grâce à l’effet du soleil, l’Esprit. Pureté d’intention propre à l’enfant.

XX   Le Jugement

                            La résurrection des morts au son de la trompette de l’Ange de la Résurrection. C’est Jésus qui crie d’une voix forte : « Lazare, sors ! ».

Le Père et la Mère célestes assistent à la nouvelle naissance hors du tombeau comme le père et la mère donnent la vie à l’enfant.

La trompette est l’appel divin à la résurrection. L’enfant surgit alors du tombeau de la nature de la mort, répondant à ce triple appel.

                            Comme la mémoire répond à l’oubli, le réveil au sommeil, la résurrection est la réponse à la mort et marque le retour de la conscience divine, la conscience de notre réalité d’être, la mémoire de notre passé qui remonte jusqu’au Dieu créateur. La totalité de la mémoire des faits se trouve stockée dans la Lipika, la couche extérieure de notre microcosme même si nous n’en sommes pas conscients.

                            Il existe 3 sortes de mémoires :

         La mémoire automatique qui est l’atout de l’enfance et de la jeunesse. C’est grâce à elle que les enfants peuvent apprendre rapidement tout ce dont ils ont besoin pour vivre dans ce monde (corps de race, instinct). Elle explique par exemple qu’un Mozart ait pu être un virtuose à 5 ans.

         Pour une personne d’âge mûr, elle est remplacée par la mémoire logique :

On ne se rappelle pas des choses simplement parce qu’elles ont eu lieu, mais parce qu’elles ont joué un rôle dont les effets se prolongent dans le présent.

         Elle est remplacée à son tour par la mémoire morale qui retient les faits qui ont un sens et une valeur moraux.

Ce schéma correspond au mouvement perpétuel : descente automatique, compréhension et retour par un chemin spirituel.

                            Ces 3 mémoires existent au niveau cosmique dans l’Akasha, la substance astrale qui enregistre la totalité des éléments de la vie :

         La mémoire des faits qui est la base de nos accusateurs (Karma), le niveau quantitatif.

         La mémoire logique, niveau qualitatif, mémoire intelligente, retient les faits symboles. Equilibre entre le bien et le mal.

         Enfin la chronique morale contient ce qui est digne de vivre éternellement, ce qui est digne de la résurrection, le Livre de Vie.

                            La trompette de l’Ange, c’est la chronique de l’Akasha toute entière concentrée dans une seule parole, un seul son, éveillant, vivifiant et ressuscitant. Il signifie la transformation d’un monde d’expérience mystique (cœur) et de connaissance gnostique (tête) en action magique (mains).

XXI   Le Fou

                            Il a mis dans son baluchon toutes ses expériences passées, dans le domaine de l’occultisme par exemple, pour se consacrer à la vérité intérieure.

Il tourne le dos au principe même de la culture et de la civilisation humaine, à l’intellect.

Il devient un fou aux yeux du monde, un bouffon ridicule qui laisse les chiens l’attaquer sans réagir. Il se voue à la science supérieure, à la science divine qui est amour. C’est le passage de l’intellectualité mue par le désir de savoir, à la connaissance supérieure due à l’amour.

Transformation de la conscience personnelle en conscience cosmique où le moi n’est plus l’auteur de l’acte de la connaissance mais accueille la connaissance en toute humilité.

                            Le Fou a deux sens : la sagesse de Dieu est folie auprès des hommes et également la véritable folie. En effet l’intellect peut être mis au service de la conscience transcendante, devenir le nouveau penser de Mercure, ou être tout simplement abandonné. Des mystiques chrétiens ou des sâdhus hindous peuvent par exemple basculer dans la folie.

La valeur positive de cet arcane est l’union de la sagesse des hommes qui est folie auprès de Dieu avec la sagesse de Dieu qui est folie auprès des hommes.

« Si quelqu’un parmi vous peut être sage selon ce siècle, qu’il devienne fou afin de devenir sage. Car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu. »

 I Corinthiens III 18-19.

XXII   Le Monde

                            Une femme danse, exprimant la joie créatrice de Dieu.

(En Inde, Nataraja est Shiva représenté en Dieu de la danse, il exprime une danse cosmique appelée danse de la félicité.)

Elle tient une baguette (magique) verticale qui est le pouvoir créateur de haut en bas.

La fiole dans l’autre main est le philtre créateur de l’illusion car avant d’atteindre la sphère divine il faut traverser la sphère réflectrice ou sphère du mirage, du faux Saint Esprit, l’ivresse.

Celui qui n’a pas vécu la reddition du moi dans l’épreuve de la croix, peut être abusé par un courant délicieux d’illuminations et d’inspirations faciles sans que la conscience fasse l’effort moral du chemin de croix.

                            L’Ange, l’Aigle, le Taureau, le Lion : ce sont les 4 éléments

                                  Feu          Air           Eau        Terre

Savoir avec l’intelligence du cerveau humain.

Vouloir avec la vigueur du Lion.

Oser ou s’élever avec la puissance de l’Aigle.

Se taire avec la force massive et concentrée du taureau.

                            La guirlande est le cercle qui définit une manifestation.

Bleu : passivité, latence                                  Tamas   )  Les 3 Gunas (qualités) qui

Rouge : activité, déploiement                         Rajas     )  sont le mode d’expression

Jaune : neutralité, équilibre, harmonie            Sattvas  )  des 4 éléments

La guirlande tricolore est le champ de manifestation des 4 éléments agissant à l’intérieur des phénomènes de la vie sous la forme de l’élan vital inhérent au courant de la vie. C’est le fleuve qui sort d’Eden et se divise en 4 bras, l’Ether grec.

(Genèse II 10)

Le 5ème Ether, Christ, est celui qui réunit les 4 en lui, la quinte essence.

                            L’Arcane du Monde est celui de l’analyse et de la synthèse, il enseigne l’art de distinguer l’illusoire du réel, les éléments du mouvement.

  1. Dieu créateur
  2. Monde dualisé, vérité et illusion
  3. Qualités
  4. Eléments
  5. Par le 5ème élément Christ, chemin de retour vers l’unité.

Méditations sur les Arcanes Majeurs du Tarot     Editions Aubier

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